Le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, a prononcé hier soir (lundi) le discours d'ouverture de la conférence à l'ONU pour la solution à deux Etats que la France co-organise avec l'Arabie Saoudite.
Il y a redit l'attachement de la France à cette solution qu'il a décrite comme ''la seule alternative''.
"Seule une solution politique à deux États permet de répondre aux aspirations légitimes des Israéliens et des Palestiniens à vivre en paix et en sécurité. Il n'existe pas d'alternative", a-t-il déclaré. "Après 22 mois de tentatives infructueuses, il est illusoire d'espérer un cessez-le-feu pérenne sans dessiner une vision commune de l'après-guerre à Gaza, sans tracer un horizon politique et une alternative à l'état de guerre permanent", a-t-il encore ajouté.
Cette conférence se tient quelques jours après l'annonce du Président français d'une reconnaissance de l'Etat palestinien par la France dès le mois de septembre.
De son côté, le ministre saoudien des Affaires étrangères, le prince Fayçal ben Farhane, a répété que "la normalisation avec Israël ne peut passer que par l'établissement d'un État palestinien".
Pour le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, qui s'est lui aussi exprimé lors de cette séance: "Nous sommes à un point de rupture. La solution à deux États est plus éloignée que jamais". Pour lui, un seul responsable: Israël. "Soyons clairs, l'annexion insidieuse de la Cisjordanie est illégale, ça doit s'arrêter. La destruction à grande échelle de Gaza est intolérable, ça doit s'arrêter'', a-t-il déclaré.
Le Premier ministre de l'Autorité palestinienne, Mohammad Mustafa, a affirmé que l'Autorité palestinienne était prête à prendre le contrôle de la Bande de Gaza et appelé le Hamas à lui remettre ses armes. Rappelons que pour Israël une telle option est inenvisageable puisque l'AP soutient le terrorisme et ne constitue en aucun cas un élément de stabilité.
Sur le papier, cette conférence doit se concentrer autour de trois axes qui doivent accompagner la mise en oeuvre de la solution à deux Etats: la réforme de la gouvernance de l'Autorité palestinienne, le désarmement du Hamas et son exclusion de la gouvernance palestinienne, et la normalisation des relations avec Israël par les Etats arabes qui ne l'ont pas encore fait.
Jean-Noël Barrot a assuré que d'autres pays vont annoncer leur intention de reconnaitre l'Etat palestinien lors de cette conférence qui doit durer jusqu'à demain (mercredi).
Israël et les Etats-Unis ont boycotté cette conférence. Le Département d'Etat américain a publié un communiqué virulent pour exprimer son opposition à l'initiative française: "Cette semaine, l’ONU accueillera à New York une conférence non productive et malvenue sur la solution à deux États. Il s’agit d’un coup de communication qui intervient au moment même où des efforts diplomatiques sensibles sont en cours pour mettre fin au conflit. Cette initiative n’encouragera pas la paix, mais prolongera la guerre, renforcera le Hamas et lui offrira une récompense pour avoir sapé les efforts visant à parvenir à une résolution réelle du conflit'', peut-on lire.
Il est précisé: ''Comme l’a clairement exprimé le Secrétaire d’État Rubio, cette démarche constitue une gifle aux victimes du 7 octobre et une récompense accordée au terrorisme. Elle laisse les otages piégés dans les tunnels. Les États-Unis ne participeront pas à cet affront, mais continueront à mener de véritables efforts diplomatiques en vue de mettre fin aux hostilités et d’aboutir à une paix durable''.
Les Etats-Unis taclent la France: ''Notre priorité demeure une diplomatie sérieuse, et non des conférences mises en scène destinées à donner l’illusion de pertinence. L’annonce du président Emmanuel Macron concernant la reconnaissance d’un État palestinien a été accueillie favorablement par le Hamas. Cela illustre l'aspect contre-productif de ces actions qui ne font que renforcer le Hamas et l’encourager à saboter les tentatives de cessez-le-feu''.
''De telles initiatives compromettent gravement nos efforts diplomatiques pour mettre fin aux souffrances à Gaza, libérer les otages, et faire progresser l’ensemble du Moyen-Orient vers un avenir plus stable, plus brillant et plus prospère'', conclut le Département d'Etat.