La Suède, petit pays scandinave au poids démographique proche de celui d’Israël, est pourtant omniprésente dans le quotidien israélien. Ouvrez une armoire ou affalez-vous sur un canapé, il y a de fortes chances qu’ils viennent d’IKEA. Une chemise ? Peut-être signée H&M. Et si vous êtes venu l’acheter en Volvo, le tableau est complet : 100 % suédois.
Mais ce paysage familier pourrait vaciller. Le Premier ministre suédois Ulf Kristersson a déclaré sur son compte X : « La situation à Gaza est absolument horrible. Israël ne respecte pas ses obligations fondamentales, ni les accords relatifs à l’aide humanitaire d’urgence. La Suède exige de l’Union européenne la suspension immédiate de la clause commerciale de l’accord d’association. La pression économique sur Israël doit être accrue. Le gouvernement israélien doit permettre un accès humanitaire sans restriction à Gaza. »
Si le fossé entre un tweet et une décision officielle de l’Union européenne reste immense, les propos du chef du gouvernement suédois traduisent peut-être un changement profond dans l’opinion publique scandinave. Et pourraient à terme conduire au retrait de grandes entreprises suédoises d’Israël, voire à une rupture commerciale.
En cas de guerre commerciale, les deux parties y perdent, mais le consommateur israélien pourrait être le plus durement touché. En 2024, les importations israéliennes depuis la Suède se sont élevées à 2,7 milliards de shekels -environ 670 millions d’euros- contre moins de 600 millions de shekels -environ 150 millions d’euros- d’exportations israéliennes vers le royaume nordique.
La tendance s’est accentuée en 2025 : au premier semestre, Israël a importé pour 1,7 milliard de shekels -420 millions d’euros- de biens suédois, mais n’en a exporté que pour 250 millions -environ 62 millions d’euros.
Du côté suédois, les achats en provenance d’Israël restent marginaux et concernent surtout des équipements optiques, médicaux, de mesure ou d’imagerie. Même si la Suède n’est pas un partenaire commercial stratégique pour Israël, son désengagement aurait une portée symbolique forte.
Mais la véritable inquiétude est ailleurs : si Stockholm entraîne dans son sillage d’autres pays européens aux liens économiques bien plus solides avec Israël, l’effet domino pourrait s’avérer beaucoup plus préoccupant.