Tribune

Iris Haïm dans un post bouleversant à l'occasion du 9 Av et des 20 ans de l'expulsion du Goush Katif

La mère de Yotam, z'l, otage tué par erreur par des soldats de Tsahal a écrit un message bouleversant, tirant les leçons du passé.

3 minutes
31 juillet 2025

ParGuitel Benishay

Iris Haïm dans un post bouleversant à l'occasion du 9 Av et des 20 ans de l'expulsion du Goush Katif
Photo by Oren Ben Hakoon/Flash90

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''Qu'est-ce que le désengagement (du Goush Katif) pour moi? Et quel est le lien avec le 9 Av'', c'est par ces mots qu'Iris Haïm ouvre son post.

''Jusqu'au 7 octobre, le 9 Av était lié à ''une tête de Ticha beAv'' (expression en hébreu pour désigner une personne qui a l'air triste, ndlr). C'était encore un jour où les religieux nous imposaient toutes sortes de jeûnes superflus, un deuil, la fermeture des restaurants et l'absence de programmes télévisés. Un truc qui venait contrarier la routine que je voulais tant.

De la même manière, le désengagement du Goush Katif, alors que des dizaines de milliers de personnes étaient expulsées de leur maison, de leur terre, au nom de l'idéologie de l'époque, que j'ai soutenue de toutes mes forces, j'ai observé de côté, j'ai tourné le dos à ces gens'', avoue Iris Haïm.

''En fait, quand j'écris ces lignes maintenant, je vois vraiment sous mes yeux des files de Juifs qui sortent de leurs maisons dans les ghettos d'Europe, cela y ressemble non? Une expulsion est une expulsion.

Ils ne m'intéressaient vraiment pas, ils n'étaient pas comme moi, je n'étais intéressée que par le calme, que les soldats ne meurent pas pour rien pour défendre une poignée de colons qui avait ''envie'' de s'installer dans un endroit dangereux rempli d'Arabes''.

Puis elle reconnait: ''Je n'avais rien compris, je ne voyais rien. A quel point? Le 7 octobre a changé ma vision des choses. Le jour où les habitants de Nahal Oz ont été appelés ''colons'', le jour où mon fils et des milliers d'autres ont été enlevés et massacrés. Il a été enlevé parce qu'il était juif. Ce jour là les pièces du puzzle se sont assemblées. Des pièces auxquelles je n'avais pas accès jusque-là.

9 Av - la destruction des deux Temples, l'exil du peuple d'Israël, dispersé pendant 2000 ans. Shoah, guerres, un Etat et à nouveau expulsion, guerre, massacre. Tout est lié''.

Iris Haïm exprime pour finir un souhait: ''Si je pouvais revenir en arrière, je me tiendrais à l'entrée du Goush Katif et je prendrais dans mes bras avec amour chaque jeune, chaque enfant, et je pleurerais avec eux. Je leur dirais qu'à chaque fois surgit une idéologie qui nous touche au coeur, que je les aime et que j'ai autant mal qu'eux. J'aurais eu pitié et j'aurais exprimé mon empathie.

Août 2005 ne reviendra pas tout comme le 6 octobre 2023 ne reviendra pas. Il ne nous reste qu'à nous efforcer d'aimer davantage, de ne pas haïr, car c'est cette haine qui a causé notre destruction, autrefois et apparemment aujourd'hui aussi.

Lors du désengagement, tout le monde portait du orange, aujourd'hui le orange est ma couleur préférée''.

La mère de Yotam, z'l, enlevé de chez lui dans le kibboutz Nahal Oz a joint à son post une photo mettant en parallèle la destruction d'une maison dans le Goush Katif et la maison incendiée de son fils après le 7 octobre: ''J'ai pris cette photo d'internet - pourquoi me rappelle-t-elle la maison brûlée de Yotam?'', interroge-t-elle.

Photo: Capture d'écran compte FB Iris Haïm