Le site d’information Middle East Eye, proche des axes qatari et turc, rapporte l'ampleur de la surprise en Iran au moment du lancement de l'opération Eveil du Lion, le 13 juin dernier. A ce moment, l'Iran est en pleine période de négociation nucléaire sensible avec les États-Unis et bien que plusieurs pays aient alerté Téhéran de mouvements israéliens suspects, les autorités iraniennes ont été prises au dépourvu lorsque l'opération s’est concrétisée.
Selon les sources citées, l’efficacité et la discrétion de l’attaque ont provoqué une onde de choc dans les sphères politique et sécuritaire iraniennes. Des agents infiltrés du Mossad, appuyés par des informateurs rémunérés et un réseau d’opérateurs – dont plusieurs intégrés parmi des migrants afghans – auraient facilité l’opération.
Un haut responsable conservateur iranien a confié que des agents israéliens sont présents en Iran depuis longtemps, observant notamment les agissements des Gardiens de la Révolution. Des cyber-intrusions dans des banques et institutions gouvernementales auraient permis l'accès à des données sensibles, exposant des figures clés du régime et leurs familles.
Par ailleurs, Middle East Eye rappelle qu’en 2021, l’ancien président Ahmadinejad avait publiquement révélé que le chef du bureau israélien au sein du ministère iranien du Renseignement s'était avéré un agent du Mossad. ''Il y avait plusieurs Eli Cohen à Téhéran'', résume une des sources citées, faisant allusion au célèbre espion israélien.
D’autres révélations ont émergé lors d’une interview télévisée avec Fayyaz Zahad, membre du Conseil des médias gouvernementaux, qui a évoqué trois cas illustrant l’ampleur de la pénétration israélienne dans l’appareil sécuritaire iranien. Il a notamment mentionné l’avertissement adressé par le général Hossein Salami aux médias d’État peu avant sa propre mort dans une frappe israélienne, ainsi que la réunion secrète de dix commandants des Gardiens de la Révolution qu'Israël connaissait. C'est d'ailleurs l'une des premières cibles que l'aviation israélienne a attaqué lors du lancement de la guerre.
Zahad a réclamé une enquête en profondeur du ministère du Renseignement, déplorant que des failles internes aient permis à Israël d’atteindre ce niveau d’infiltration.
Le rôle des migrants afghans illégaux en Iran est également mis en cause : certains, manipulés à leur insu, auraient participé à l’assemblage de drones utilisés dans les frappes, à la suite d'une politique migratoire jugée trop permissive de l'ancien président Ebrahim Raïssi.
Un ex-responsable de la sécurité a pointé du doigt un affaiblissement du renseignement iranien depuis l’élection d’Ahmadinejad en 2005, période marquée par l’éviction d’experts chevronnés au profit de profils idéologiquement alignés mais inexpérimentés.
Dans les semaines suivant l’attaque, le ministère du Renseignement a annoncé avoir contrecarré 23 tentatives d’éliminations contre des hauts responsables et arrêté 20 agents du Mossad.