Selon des sources diplomatiques citées par le quotidien britannique The Times, Israël envisagerait sérieusement de mettre un terme à sa coopération sécuritaire avec le Royaume-Uni si ce dernier venait à reconnaître officiellement un État palestinien en septembre. À Jérusalem, plusieurs options de riposte seraient actuellement à l’étude, en réponse à cette éventualité britannique.
Des responsables britanniques de haut rang ont rapidement réagi à ces informations, mettant en garde contre les conséquences d'une rupture de la coopération sécuritaire entre les deux pays. D’après eux, « le Royaume-Uni a beaucoup à perdre » si Israël décidait de réagir à une reconnaissance unilatérale de la Palestine.
Ces révélations interviennent environ une semaine après que le Premier ministre britannique, Keir Starmer, a annoncé son intention de reconnaître un État palestinien dès septembre, avant la tenue de l’Assemblée générale des Nations Unies, à moins que le gouvernement israélien ne prenne des mesures significatives pour mettre fin à la situation actuelle dans la bande de Gaza.
Starmer a précisé qu’il n’existait aucune équivalence morale entre Israël et le Hamas, tout en affirmant que les exigences britanniques à l’égard du mouvement islamiste restaient inchangées. Il s’est engagé à réévaluer la situation avant l’Assemblée générale afin de mesurer les progrès réalisés par les différentes parties.
Le journal britannique souligne que l’éventuelle suspension de la coopération sécuritaire avec Israël pourrait compromettre la sécurité nationale du Royaume-Uni. Des sources diplomatiques israéliennes ont confirmé que le gouvernement israélien examine cette option parmi d'autres mesures de rétorsion. L’un des responsables israéliens a prévenu que « le Royaume-Uni, comme d’autres pays envisageant une reconnaissance unilatérale, devrait soigneusement peser les conséquences d’un tel geste ».
Un autre diplomate a confié au Times que « Londres devrait faire preuve de prudence, car Netanyahou et ses ministres disposent également de leviers importants. Israël accorde de la valeur à son partenariat stratégique avec le Royaume-Uni, mais les récentes décisions politiques créent une pression considérable, et le Royaume-Uni pourrait y perdre gros si Israël décide de riposter ».
Israël a réagi avec véhémence à l’annonce de Keir Starmer le mois dernier, accusant Londres de « récompenser le Hamas ».
Ces dernières années, Israël a fourni au Royaume-Uni des renseignements cruciaux sur les menaces iraniennes croissantes à l’encontre du royaume. Le Mossad aurait ainsi transmis des informations permettant, entre autres, de déjouer une tentative d’attentat contre l’ambassade israélienne à Londres. Cinq suspects ont été arrêtés lors d’une opération antiterroriste.
Par ailleurs, le Royaume-Uni a utilisé des drones israéliens pour des missions de renseignement en Irak et en Afghanistan, et s’est équipé en matériel de défense israélien, considéré par certains experts comme ayant « sauvé la vie de soldats britanniques ». Plusieurs entreprises israéliennes exportent par ailleurs des armements vers des sociétés britanniques, notamment le groupe BAE Systems.
Toujours selon le Times, des divergences existeraient au sein du gouvernement israélien quant à la suspension de la coopération sécuritaire. Certains responsables craindraient un impact négatif sur l’économie israélienne ainsi qu’un arrêt potentiel du soutien militaire britannique, qui comprend notamment des vols de reconnaissance de la Royal Air Force au-dessus de Gaza, dans le but de localiser les otages.
Depuis l’attaque du 7 octobre, des avions de surveillance britanniques effectueraient presque quotidiennement des missions au-dessus de la bande de Gaza, collectant des renseignements sensibles sur les mouvements au sol.