La coalition israélienne pourrait connaître un nouveau séisme politique. Le ministre des Finances, Bezalel Smotrich, menace de claquer la porte du gouvernement, après que le cabinet n’a pas entériné le principe d’exclure toute nouvelle libération partielle d’otages. Une ligne rouge pour le leader du sionisme religieux, qui affirme avoir perdu « la confiance dans la capacité et la volonté du Premier ministre à mener Tsahal à la victoire ».
Smotrich affirme avoir travaillé ces dernières semaines avec Benyamin Netanyahu sur un plan combinant « décision militaire rapide » et « initiative diplomatique immédiate » afin d’infliger un prix lourd au Hamas, détruire ses capacités et le forcer à libérer tous les otages. Mais, accuse-t-il, le chef du gouvernement a « fait marche arrière », préférant une opération militaire dont l’objectif ne serait pas la victoire, mais une pression visant à conclure une nouvelle transaction partielle avec le Hamas : « Envoyer des dizaines de milliers de soldats manœuvrer à Gaza, risquer leur vie, payer un prix diplomatique et international élevé, uniquement pour faire pression en vue d’une libération partielle, puis battre en retraite… C’est immoral et illogique ».
Selon lui, tant que l’option d’une trêve temporaire reste ouverte, le Hamas l’utilisera dès qu’il sera au bord de l’effondrement pour regagner du temps, se réarmer et relancer la guerre : « On ne gagne pas ainsi, on ne ramène pas les otages, on recommence encore et encore ».
Le chef du sionisme religieux défend une ligne claire : accepter uniquement un accord global libérant tous les otages d’un seul coup, ou poursuivre l’offensive jusqu’à la capitulation totale du Hamas, voire l’annexion de larges portions de la bande de Gaza et l’ouverture à une émigration volontaire. Il penche plutôt pour le plan du chef d’état-major Eyal Zamir – encercler la bande de Gaza – plutôt que pour la conquête de Gaza-ville approuvée par le cabinet, qu’il juge risquée et politiquement contre-productive. Il craint qu’une fois une offre partielle sur la table, Israël suspende les combats pendant deux mois et se retire des zones conquises.
Smotrich a consulté ses proches et ses collègues de parti : certains, comme la ministre Orit Strook, lui conseillent de quitter le gouvernement, d’autres de rester pour peser sur les décisions. Dans l'entourage de Netanyahu, on minimise le désaccord : « Pourquoi rejeter par principe une offre partielle ? Les chances sont quasi nulles. Et si cela arrivait, que la responsabilité du refus retombe sur le Hamas, pas sur nous. » Ce à quoi répond Smotrich : « Non. Cela arrivera tôt ou tard, mieux vaut s'en tenir au principe : tous, ou rien. »