Le gérant d'un parc de loisirs des Pyrénées-Orientales qui avait refusé l'accès à un groupe de 150 jeunes Israéliens a été mis en examen samedi pour "discrimination fondée sur l'origine, l'ethnie ou la nationalité" et laissé en liberté après 48 heures de garde à vue. L'affaire a provoqué une vive polémique et des réactions au plus haut niveau de l'État.
Les versions sur les motifs du refus d'accès au groupe divergent. Initialement, la page Facebook du parc expliquait que la fermeture était due à des "contrôles de sécurité suite à une tempête". L'établissement avait annoncé : "En raison de la tempête, le parc sera fermé jeudi pour une inspection complète des installations."
Cependant, selon les premières déclarations, le directeur, Florent Schlack, 52 ans, aurait invoqué ses "principes personnels" pour justifier l'interdiction d'accès. Lors de ses interrogatoires, il a nié toute motivation anti-israélienne et a affirmé avoir eu une "mauvaise expérience" avec des visiteurs israéliens l'année précédente.
La défense du gérant contestée
Le gérant a expliqué aux enquêteurs que les touristes israéliens de l'année passée avaient eu des difficultés à respecter les consignes de sécurité, en partie à cause de "lacunes linguistiques". Il a exprimé sa crainte que des problèmes similaires ne surviennent avec ce nouveau groupe dans son parc d'aventures des Pyrénées.
Un employé avait pourtant confirmé à TF1 la version météorologique : "Le directeur a décidé de fermer le parc parce qu'il pleuvait et qu'il y avait une tempête. Nous ne prenons aucun risque. Ce n'est ni du racisme, ni de l'antisémitisme."
Les jeunes concernés, âgés de 8 à 16 ans, passaient leurs vacances d'été dans un camp en Espagne et avaient réservé leurs billets pour ce parc situé dans le triangle frontalier France-Espagne-Andorre bien à l'avance. L'établissement propose 2 000 mètres de parcours d'aventure répartis sur 12 lignes, atteignant jusqu'à 50 mètres de hauteur.
Contraints de rebrousser chemin, les enfants ont dû se rabattre sur un autre site touristique situé à 50 kilomètres de là, avant de regagner l'Espagne pour poursuivre leurs vacances.
Condamnation des autorités françaises
Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau a fermement condamné cet incident : "Ce n'est pas notre conception de la dignité humaine, en République." Il a appelé à une "réponse ferme de la justice" si les faits étaient avérés, ajoutant : "Nous ne pouvons pas laisser passer une chose pareille."
L'ambassade d'Israël en France a dénoncé un "nouvel acte de haine antisémite contre les Israéliens, et cette fois contre des enfants. Cela rappelle des périodes sombres de l'histoire. Ce tsunami d'antisémitisme et d'anti-israélisme doit cesser."
Dans la petite commune de Porté-Puymorens, l'incident a provoqué un tollé. "Nous recevons des courriels de menaces, alors que nous n'avons rien à voir avec cette affaire", a déclaré un habitant. "Au contraire, nous avons honte de cette histoire."
Le maire a tenu à rappeler les valeurs de sa commune : "L'ADN de notre commune est basé sur la solidarité et le vivre-ensemble. Nous serons toujours un lieu d'accueil pour tous."