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Les mollahs tremblent-ils ?

Téhéran serait prête à réduire significativement le niveau d’enrichissement de son uranium afin d’éviter la réimposition de sanctions internationales et de nouvelles frappes militaires.

3 minutes
24 août 2025

ParNathalie Sosna Ofir

Les mollahs tremblent-ils ?
Istock

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Téhéran serait prête à réduire significativement le niveau d’enrichissement de son uranium afin d’éviter la réimposition de sanctions internationales. Des sources iraniennes indiquent que cette flexibilisation viserait également à prévenir de nouvelles frappes militaires d’Israël ou des États-Unis. Les autorités iraniennes comprennent qu’un retard dans la reprise des négociations sur un nouvel accord nucléaire pourrait les placer sous une pression économique intense et les exposer à une menace militaire réelle.

Ce serait Ali Larijani, le nouveau secrétaire du Conseil suprême de sécurité nationale et proche du guide suprême Ali Khamenei, qui mènerait les efforts pour adoucir la position iranienne. Il tenterait de convaincre la direction du pays de ramener le niveau d’enrichissement à 20 %, contre 60 % actuellement, un chiffre qui se rapproche dangereusement des 90 % nécessaires à la fabrication d’armes nucléaires.

Pour rappel, l’accord nucléaire de 2015 limitait l’enrichissement à 3,67 %. Une réduction à 20 % constituerait donc une concession importante, bien qu’elle reste au-dessus du seuil fixé par l’accord.

Le Royaume-Uni, l’Allemagne et la France ont fixé un ultimatum à Téhéran : entamer rapidement de nouvelles négociations, faute de quoi les sanctions seraient rétablies via le mécanisme dit de « snap-back ». Ce mécanisme, qui permet de réactiver les sanctions levées en 2015 sans l’approbation du Conseil de sécurité de l’ONU, expirera le 18 octobre 2025, ce qui presse la pression l’Europe pour agir rapidement.

Malgré cette ouverture, la scène politique iranienne reste divisée. Les Gardiens de la Révolution, partisans d’une ligne dure, s’opposent fermement aux concessions à l’Occident. Cependant, certains responsables du régime semblent prêts à revenir à la table des négociations, conscient que cela pourrait être le seul moyen d’éviter une escalade militaire ou un effondrement économique.

Le ministre des Affaires étrangères Abbas Araghtchi a récemment discuté avec ses homologues français, allemands et britanniques et a convenu d’une rencontre prévue la semaine prochaine. Le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères a critiqué la légitimité des pays menaçant de sanctions, tout en réaffirmant la disponibilité de l’Iran pour la diplomatie.

Dans le même temps, le président iranien Massoud Pezechkian considéré comme relativement modéré, a sévèrement critiqué la ligne dure du régime et averti que la poursuite de l’escalade pourrait entraîner un nouveau conflit, ce qui a suscité l'indignation de la presse conservatrice. De nombreuses voix ont même appelé à sa destitution.

Parallèlement, l’Iran continue ses tests de missiles balistiques histoire de signaler au monde que l’option militaire reste envisageable. D'ailleurs, le général Yahya Rahim Safavi, conseiller principal de Khamenei, a déclaré la semaine dernière que « l’Iran est en état de guerre » et que « la meilleure façon de se défendre est d’attaquer ».

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