Israël

Lui dans le cockpit, elle dans le secret des renseignements

Un couple pas comme les autres uni dans les missions les plus sensibles.

3 minutes
25 août 2025

ParGuitel Benishay

Lui dans le cockpit, elle dans le secret des renseignements
Photo: Tsahal

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Le navigateur de chasse Sh. a participé hier au sein de l'escadron 69 à l'opération contre des cibles Houthis au Yémen.

Pour lui, il s'agissait d'une mission particulière puisque depuis des années, il participait à la planification d’opérations de longue portée au Yémen. Pour la première fois, il s’y engageait directement, en terrain qu’il connaissait jusque-là surtout sur le papier.

Il décrit les sensations particulières qu'il a ressenties hier: « Le frisson qui parcourt l’aile de l’avion, le bref signal sonore qui le suit – c’est l’indice que l’armement est en route vers sa cible. Ce n’est qu’à ce moment-là qu’on peut enfin respirer. »

Sa mission avait un objectif précis : neutraliser une centrale électrique de la capitale yéménite.
« Lorsque la communication dans le cockpit est claire et continue, que la cible est verrouillée et qu’aucune modification de dernière minute ne survient, toute l’attention se concentre sur une seule chose : exécuter la frappe avec exactitude », explique-t-il.

Le trajet vers Sanaa se compte en longues heures de vol, baignées d’incertitude, avec une pensée fixe : réussir l’opération. « Il faut être prêt à tout scénario, y compris le plus imprévisible », souligne l’officier.
« Il n’existe pas de “vol de routine” », ajoute-t-il. « À chaque instant, l’esprit reste en alerte, à anticiper ce qui pourrait se produire. »

« Les conditions opérationnelles et le sentiment de mission vous marquent bien au-delà du vol lui-même », confie-t-il. « Au moment du largage, la tension est à son comble. Quand la frappe atteint sa cible, une vague de soulagement vous traverse – une sensation unique. »

Mais ce qui fait du capitaine Sh. un cas particulier c'est sa vie personnelle. Il est marié à la capitaine T., officier du renseignement de l’unité 8200, spécialisée dans l’analyse des théâtres d’opérations où son mari est déployé. « Pour être honnête, je suis souvent le moins informé de la maison », sourit-il. « Il lui arrive de savoir avant moi quand une frappe aura lieu. »

Cette compréhension mutuelle, forgée dans le secret et la tension permanente, est devenue un pilier de leur couple. « Nous nous retrouvons le week-end, nous nous appelons quand c’est possible, parfois même par les canaux opérationnels », raconte-t-il. « Ce n’est pas simple, mais savoir qu’elle comprend chaque détail, chaque contexte, chaque conversation, nous rapproche et nous donne de la force. Peu de couples partagent à ce point leur quotidien – jusqu’aux secrets les plus sensibles. »

De retour de mission, un rituel immuable marque la fin de chaque mission: « La première chose, c’est une accolade à l’équipe technique : ce sont eux qui nous amènent là-bas en toute sécurité et travaillent jour et nuit pour rendre possible notre réussite dans les airs. Ensuite, un geste complice avec le pilote qui était à mes côtés. Enfin, toujours, un appel à mon épouse – qui, comme d’habitude, est déjà au courant de tout », conclut-il.

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