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Un rapport dénonce l'explosion de l'antisémitisme dans les universités européennes

Sans mesures immédiates, les universités européennes risquent de se transformer en "centres de peur et d'exclusion", affirme le rapport

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26 août 2025

ParJohanna Afriat

Un rapport dénonce l'explosion de l'antisémitisme dans les universités européennes
Université de Strasbourg Photo : iStock

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Un rapport publié conjointement par B'nai B'rith International, l'organisation Democ et l'Union européenne des étudiants juifs (EUJS) dresse un constat alarmant : l'antisémitisme a considérablement augmenté dans les établissements d'enseignement supérieur européens depuis l'attaque du Hamas du 7 octobre 2023.

Intitulé "Un climat de peur et d'exclusion : l'antisémitisme dans les universités européennes", ce document de référence recense une série d'incidents graves : menaces, agressions physiques, graffitis antisémites, négationnisme, appels à la destruction d'Israël et glorification d'organisations terroristes.

Loin d'être des incidents isolés, ces manifestations d'antisémitisme s'inscrivent selon les auteurs dans un "phénomène coordonné au niveau international", parfois orchestré par des groupes affiliés à des organisations terroristes comme le Front populaire de libération de la Palestine.

Le rapport documente des cas particulièrement graves dans plusieurs pays européens. En Autriche, un "camp d'intifada" appelant au soutien du Hamas a été érigé sur le campus viennois. La France n'est pas épargnée : des étudiants juifs ont subi des agressions physiques à Strasbourg, tandis que des graffitis menaçants et des croix gammées sont apparus sur les murs de l'université de Toulouse.

L'Allemagne fait face à des violences d'une brutalité particulière, avec le passage à tabac d'un étudiant israélien à l'université de Berlin. Au Royaume-Uni, rabbins et étudiants juifs reçoivent des menaces de mort en ligne, certains campements estudiantins exigeant même des déclarations de soutien à la "lutte armée".

Les Pays-Bas voient fleurir les comparaisons entre sionistes et nazis lors de manifestations, Amsterdam étant le théâtre d'appels à l'élimination d'Israël. En Espagne, des campements d'étudiants glorifient ouvertement le Hamas, tandis que certains professeurs propagent des distorsions de l'Holocauste.

Des responsables institutionnels pointés du doigt

Les dirigeants des organisations signataires du rapport pointent la responsabilité des autorités universitaires. Robert Spitzer et Daniel Mariashin, respectivement président et directeur général de B'nai B'rith International, accusent les universités européennes de "déguiser l'antisémitisme en activisme" et de ne pas parvenir à protéger les étudiants juifs.

Alina Brickman, directrice des affaires européennes de l'organisation, se montre particulièrement critique : "Lorsque les étudiants sont confrontés à des croix gammées ou à des menaces de mort, la liberté d'expression ne peut servir d'excuse. L'échec des institutions universitaires est honteux."

Pour Grisha Shtneik, codirecteur de Democ, le problème dépasse le cadre local : "Il s'agit de réseaux mondiaux coordonnés qui se déguisent en discours sur les droits de l'homme pour promouvoir un programme antisémite."

Katharina von Schnorbein, coordinatrice de la Commission européenne pour la lutte contre l'antisémitisme, souligne dans l'introduction du rapport la gravité de la situation : "Les étudiants juifs ont été contraints de cacher leur identité ou d'abandonner leurs études. Des mesures décisives sont nécessaires, y compris des poursuites pénales."

Des recommandations pour inverser la tendance

Face à cette situation critique, le rapport formule plusieurs recommandations concrètes. Les auteurs préconisent l'adoption par les universités de la définition de l'antisémitisme établie par l'Alliance internationale pour la mémoire de l'Holocauste (IHRA), la mise en place de procédures claires de traitement des incidents antisémites et la désignation de personnes-ressources dédiées aux étudiants juifs.

Ils insistent également sur l'importance de maintenir l'enseignement de la Shoah et de l'histoire juive dans les cursus universitaires.

L'avertissement des rédacteurs est sans appel : sans mesures immédiates, les universités européennes risquent de se transformer d'espaces d'apprentissage et de liberté en "centres de peur et d'exclusion".

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