Ilana Gritzewsky, rescapée de captivité et compagne de l’otage Matan Tsangauker, a livré ce mercredi un témoignage bouleversant devant le Conseil de sécurité de l’ONU à New York. Enlevée au kibboutz Nir Oz lors de l’assaut du Hamas et retenue pendant 55 jours à Gaza, elle a exhorté la communauté internationale à agir pour le retour des captifs toujours détenus.
« Je ne suis pas ici seulement pour moi, mais pour chaque femme et chaque homme qui ne sont pas revenus. Il faut un accord maintenant. Ramenez Matan, ramenez tout le monde. Alors seulement nous pourrons commencer à guérir », a-t-elle déclaré.
Dans un témoignage empreint d’émotion, la jeune femme a raconté l’irruption des terroristes dans sa maison le 7 octobre, l’assassinat de ses voisins, puis son enlèvement vers Gaza. Elle a décrit les violences subies : « Ils m’ont battue, humiliée et traînée jusqu’à Gaza. J’ai vu Nir Oz en flammes. »
Pendant ses 55 jours de captivité, elle affirme avoir enduré la faim, les humiliations et le manque de soins. « J’ai perdu 12 kilos, je n’ai pas reçu de médicaments malgré mes maladies sous-jacentes. Les terroristes décidaient de tout : nos repas, nos conversations, nos nuits », a-t-elle raconté.
Elle a aussi évoqué avoir croisé d’autres otages, parmi eux Ethan Horn et David Cuneo, et appris que son compagnon Matan Tsangauker était détenu à Gaza. « J’ai supplié de le voir, mais je n’ai rien obtenu. À ma libération, j’avais un trou dans le cœur », a-t-elle confié.
Une critique sans concession du silence international
Au Conseil de sécurité, la survivante a dénoncé l’inaction des institutions internationales et des organisations de défense des droits humains : « Des femmes ont été violées, humiliées, leurs corps profanés – et le monde a choisi de garder le silence. Pourquoi les victimes juives sont-elles interrogées et notre témoignage moins pris en compte ? Ce deux poids, deux mesures n’est pas de l’hypocrisie, c’est une trahison. »
Elle a poursuivi : "Les gens voient mon visage et pensent que je suis libre, mais le traumatisme ne disparaît pas avec la libération. À chaque alerte, je retourne là-bas, en enfer. La différence, c'est que j'ai une pièce sécurisée, contrairement à Matan. » Ilana Gritzewsky, qui a immigré du Mexique en Israël, a accusé la communauté internationale d'hypocrisie : « Pourquoi les cartels mexicains sont-ils considérés comme des criminels et des terroristes, alors que le Hamas – qui a violé des femmes, brûlé des enfants et enlevé des personnes âgées – n'est pas considéré comme aussi méprisable ? Pourquoi notre douleur est-elle remise en question ? »
Ilana a rappelé que, depuis son enfance, elle avait appris à croire au rôle protecteur de l’ONU, de l’UNICEF ou de la Croix-Rouge. « Mais quand j’en avais le plus besoin, ils n’étaient pas là », a-t-elle accusé.
La rescapée a conclu son intervention en appelant les dirigeants mondiaux à faire pression pour la libération des otages : « Chaque jour compte. Un accord doit être conclu immédiatement. »