Une simple annonce immobilière a déclenché une enquête internationale spectaculaire en Argentine, révélant l'existence d'un tableau volé par les nazis il y a plus de 80 ans. Les investigations ont mené à l'arrestation ces derniers jours de la fille d'un ancien officier supérieur nazi.
Tout a commencé en août dernier lorsque des journalistes du quotidien néerlandais Algemeen Dagblad sont tombés sur une banale annonce immobilière. Sur le site de l'agence Robles Casas & Campos, une maison était en vente à Mar del Plata, station balnéaire argentine. Mais un détail sur l'une des photos les a interpellés : une œuvre d'art accrochée au mur.
Les journalistes ont rapidement identifié rapidement le tableau : "Portrait d'une dame" de Giuseppe Vittore Ghislandi, artiste italien des XVIIe-XVIIIe siècles. La découverte est devenue explosive quand ils ont réalisé que cette œuvre figure au Registre international des œuvres d'art perdues pendant la Seconde Guerre mondiale, volée par les nazis au collectionneur juif néerlandais Jacques Goudstikker.
L'enquête a révélé que la propriétaire de la maison n'était autre que Patricia Kagein, fille de Friedrich Kagein, ancien officier supérieur SS qui servait de conseiller économique à Hitler. Ce dernier était notamment chargé du transport du butin nazi vers l'Amérique du Sud. Comme de nombreux criminels de guerre, Kagein père s'était réfugié en Argentine après 1945, où il est mort en 1978.
Sitôt l'article publié, le tableau a disparu mystérieusement de l'annonce. La disparition soudaine de l'œuvre a déclenché une vaste opération internationale impliquant Interpol et la police fédérale argentine, qui abouti à l'arrestation par les autorités argentines de Patricia Kagein et son mari, les assignant à résidence sous l'accusation de "recel de vol dans le contexte d'un génocide".
Quatre perquisitions ont été menées dans différents domiciles liés à la famille Kagein, mais le tableau demeure introuvable. Les enquêteurs ont néanmoins découvert deux autres œuvres d'art du XIXe siècle chez une autre fille de l'ancien nazi, actuellement expertisées pour déterminer leur éventuelle origine criminelle. Des armes ont également été saisies.
L'avocat du couple, Carlos Moraes, assure que ses clients coopèrent avec les autorités. Cependant, selon le parquet argentin, le tableau n'a toujours pas été restitué et son emplacement demeure inconnu. Le couple revendique la propriété légale de l'œuvre, affirmant en avoir hérité.