En pleine nuit, deux bataillons de la brigade de montagne du Commandement du Nord (810e) ont mené une opération d'envergure à 38 kilomètres en profondeur du territoire syrien, bien au-delà de la zone tampon, dans une base commando abandonnée de l'époque du régime d'Assad, à l'est de Damas.
Quelques jours avant le départ vers l'objectif, les forces ont reçu une information cruciale : le camp désert abritait un véritable "arsenal" d'armes susceptible de servir à quiconque s'en emparerait.
"Je pense que ce n'est qu'après coup que nous avons réalisé l'ampleur de l'événement", confie le commandant adjoint de la brigade, le lieutenant-colonel G. "Avec l'unité de transport de l'état-major général 5511, nous avons atteint la base à l'aube pour préserver l'effet de surprise. Nous savions à l'avance qu'elle était vide de tout personnel, notre intention était donc d'arriver sur place, de la vider complètement de son armement et de nous retirer sans délai inutile."
Ainsi, pendant cinq heures, ils ont nettoyé le camp de chaque pièce d'armement. Il s'agissait d'un complexe gigantesque : "Il y avait environ 50 bâtiments répartis sur deux sites relativement proches", explique le lieutenant-colonel G. "Nous estimons qu'il était occupé par l'équivalent de deux brigades de forces spéciales syriennes." Comme le suggèrent ses propos, il ne s'agissait pas d'une simple saisie d'armement ordinaire.
"Nous sommes revenus avec cinq camions dont le contenu comprenait des tonnes d'explosifs, de mines, de missiles d'épaule, de mortiers, de missiles antichar et de matériel de renseignement. Nous avons notamment trouvé du matériel lourd - des chars et de vieux véhicules", détaille-t-il.
Dès leur arrivée sur place, les soldats ont commencé les fouilles pour mener la mission à son terme. "Tout ce qui pouvait être utilisé contre nous a été confisqué", déclare l'officier. "Il était important pour nous d'arriver là-bas avant d'autres acteurs qui auraient pu exploiter cet armement contre nous. Nous sommes vigilants face aux développements dans la région, il n'y a pas de vide dans la Syrie actuelle, et les armes de cette base auraient pu tomber entre de mauvaises mains. Notre rôle est d'empêcher cela et d'être les premiers à neutraliser ces munitions."
À l'issue de l'opération, selon le lieutenant-colonel G., chaque pièce de munition de la base a été saisie par les combattants de Tsahal - mais ce n'était pas la seule mission à laquelle ils ont dû faire face au-delà de la frontière.
Un défi supplémentaire s'est présenté en amont. En route vers l'objectif identifié, depuis la frontière israélienne, les combattants ont repéré des véhicules suspects. "C'est un phénomène connu dans la région, il s'agit finalement d'un axe qui relie le Liban et la Syrie. Mais depuis notre présence dans le secteur, le phénomène a diminué", explique le lieutenant-colonel G. "Pour nous, c'était donc encore un scénario habituel d'interception de contrebande."
Grâce à leur vigilance, un armement supplémentaire significatif a été saisi "en chemin" : "RPG, mitrailleuses, kalachnikovs, missiles et roquettes".
Au terme de cette opération ciblée, plus de 300 armes différentes ont été confisquées, soulignant une fois de plus l'importance de l'activité de l'armée israélienne dans la région : "Le mont Hermon est un point stratégique à travers lequel nous pouvons contrôler les axes entre la Syrie et le Liban, notamment pour déjouer les trafics d'armes utilisées contre nous. Depuis l'opération 'Flèches du Nord', nous avons établi un dispositif défensif dans la région - et nous n'avons pas l'intention de reculer pour le moment."