Je suis conscient qu'il n'y a rien de nouveau et d'étonnant à évoquer la partialité de l'ONU et des agences qui lui sont liées dans tout ce qui touche au traitement d'Israël quel que soit le sujet traité.
Mes collègues diplomates qui ont servi à New York, Genève ou d'autres capitales qui accueillent des réunions onusiennes peuvent témoigner des heures durant des outrances auxquelles nous sommes malheureusement associés et ce, dans l'indifférence et la complicité des nations occidentales qui souvent même participent activement à ces dérapages qui rivalisent entre l'absurde et l'abject.
Je me souviens d'ailleurs d'une expérience personnelle, alors jeune cadet à notre délégation à l'UNESCO, à la fin des années 80. L'Algérie avait présenté une résolution pour faire condamner Israël coupable de judaïser Jérusalem ; pourquoi ? Parce que nous venions de finir des travaux d'infrastructure qui avait permis d'étendre les conduites et les canalisations modernes d'égouts à l'ensemble de la ville, y compris la partie qui avait été annexée par la Jordanie avant 1967 et dont l'infrastructure sanitaire était délabrée.
Bref, nous étions condamnés car nous diffusions le progrès et le développement. Je n'imaginais pas une seconde que les pays occidentaux allaient soutenir cette résolution absurde mais quand je vis se lever la main de Gisèle Halimi, à l'époque Ambassadrice de France à l'UNESCO pour dire oui….je déchantais et venait de prendre ma première leçon de real-diplomatie….
Rien n'a changé, 40 ans plus tard, l'ONU est toujours aussi cynique et partiale dès qu'il s'agit d'Israël.
Cette semaine, la publication du dernier rapport du Programme alimentaire mondial sur la "famine en Palestine" en est une preuve encore une fois manifeste.
il s'agit d'un rapport qui fait état d'une disproportion inouïe dans le traitement accordé par l'ONU, le Conseil de sécurité et son agence dédiée à la lutte contre la faim et la malnutrition dans le monde, le Programme alimentaire mondial sur la question palestinienne par rapport à toutes les autres situations d'urgence.
Le programme alimentaire de l’ONU opère dans 120 pays à travers le monde, dont 17 qui ont été déclarés « état d’urgence » – y compris, « la Palestine ». Selon les données, 5,5 millions de Palestiniens vivent dans la bande de Gaza et en Cisjordanie, dont environ 640 000 sont en état de famine. À titre de comparaison, environ 215,9 millions de personnes sont à risque dans les autres pays où l’état d’urgence a été déclaré. Il convient de noter qu’en plus des urgences, il existe des dizaines d’autres pays dans lesquels des centaines de millions de personnes vivent à différents niveaux de risque, et le Programme alimentaire mondial y est également actif.
Cet état d’urgence à Gaza préoccupe vivement le Conseil de sécurité de l’ONU : depuis novembre 2023, le Conseil de sécurité de l’ONU a tenu pas moins de 60 discussions sur la situation humanitaire dans la bande de Gaza, au cours desquelles de graves accusations contre Israël ont été lancées. C’est plus de trois fois plus que le deuxième pays, le Soudan, où l’état d’urgence n’a été discuté que 19 fois par le Conseil de sécurité – bien que la situation y soit plus difficile, affectant 38,4 fois plus de personnes (environ 24,6 millions sur une population d’environ 50 millions). C’est aussi six fois plus qu’en Haïti, où la situation n’est pas pour le moins brillante : 5,7 millions de personnes sont confrontées à une faim aiguë, sur une population d’environ 11,77 millions d’habitants, et pourtant elle occupe la troisième place avec 10 discussions au cours des deux dernières années.
1,8 million d’enfants de moins de 5 ans en Somalie souffrent de malnutrition aiguë. Depuis le 7 octobre 2023, le Conseil de sécurité de l'ONU n'en a jamais débattu alors que ce même Conseil se saisit chaque semaine, et parfois même plus d'une fois par semaine de la question palestinienne en plus des 60 audiences que j'évoquais qui ont été spécifiquement consacrées à la prétendue famine à Gaza.
Je pourrais vous citer encore bien des comparaisons avec des situations désespérées en Afrique, y compris en Afrique du Sud pourtant si active et si prompte à pourfendre Israël dans les instances judiciaires internationales, où 21 millions d’enfants souffrent de malnutrition et 27 millions de personnes souffrent d’insécurité alimentaire.
Mais difficile d'accuser les Juifs et Israël d'en être les responsables.
Alors qu'à Gaza, c'est bien plus facile.
Pour terminer, je citerai ici les propos de notre Ambassadeur à l'ONU qui a formidablement su résumer cette mascarade :
"Au lieu de remplir son rôle d’organisme international, qui répartit équitablement l’attention entre les crises, l’ONU choisit de se concentrer de manière obsessionnelle sur Gaza dans de longues discussions, où l’on dresse toujours un tableau unilatéral qui accuse Israël et ignore complètement la responsabilité du Hamas. Il ne s’agit pas d’une préoccupation humanitaire universelle, mais d’une utilisation cynique de l’ONU à des fins politiques".
Chronique de Daniel sur Saada sur Radio J en date du 14 septembre 2025
Daniel Saada était ambassadeur d'Israël en France