En sus du volet nucléaire, l’autre motif avancé par Israël pour avoir frappé la République islamique en juin était la course des ayatollahs : passer d’un arsenal balistique de 2 500 missiles à environ 8 800 vers la mi-2027, puis plus de 10 000 d’ici 2028. Jérusalem craignait qu’un tel arsenal puisse submerger le bouclier antimissile israélien.
Actuellement, l’Iran reconstruit nombre d’installations liées aux missiles balistiques, mais l’attention principale porte sur les « mélangeurs planétaires » — de grandes machines nécessaires à la production de propergol solide pour ces armes.Ces machines comportent des pales tournant autour d’un point central, à la ma nière de planètes en orbite, et permettent un meilleur mélange que d’autres types d’équipements qui pourraient aussi être employés. Sont apparues des inquiétudes qu’un approvisionnement en nouveaux mélangeurs puisse provenir de Chine, des responsables américains et d’autres accusant déjà Pékin d’avoir, par le passé, vendu à l’Iran des ingrédients pour carburant de missile et d’autres composants balistiques.
Ces derniers jours, de nombreuses questions ont été soulevées concernant l’intensification possible de la coopération entre la Russie, la Chine et l’Iran pour aider Téhéran à reconstituer sa capacité à menacer Israël. Le directeur du Mossad, David Barnea, a rappelé qu'Israël a démontré au monde entier la suprématie aérienne israélienne face à leurs missiles. Sur cette base, le Mossad doute que de nombreux pays soient prêts à aider la République islamique. Barnea estime que ces pays devront prendre en compte que, comme les armes russes cet été, leurs systèmes pourraient défaillir. Après cela, leurs systèmes seraient perçus comme faibles face aux capacités israéliennes. Pressé à propos de rapports affirmant que la Chine mise davantage sur l’Iran, le Mossad redoublerait d’avertissements envers les Chinois : qu’ils réfléchissent mille fois, car leurs systèmes pourraient être ciblés si l’Iran s’appuie sur eux. Il est clair qu’Israël suit la question de très près.
Il est probable qu’une préférence existe actuellement pour des actions clandestines contre les efforts iraniens de reconstruction du programme balistique, mais désormais qu’Israël a montré sa capacité à frapper les programmes d’armement clés de Téhéran avec des effets dévastateurs, Tsahal pourrait être plus disposée à retenter le coup, même si la menace n’est pas encore totalement concrète. Tout cela met en lumière l’importance d’empêcher l’Iran de développer une force aérienne viable susceptible de rivaliser avec les Forces de défense israéliennes.
Jusqu’à présent, l’aviation iranienne a été un échec -appareils antérieurs à la révolution islamique de 1979- car personne ne voulait vendre d’avions à la République islamique. Cependant, un membre du Parlement iranien a récemment affirmé que la Russie aurait envoyé un groupe d’avions MiG-29 à Téhéran. Ces appareils ne renverseraient pas la donne : ils restent inférieurs au F-35 israélien et à certains autres chasseurs en service dans l’aviation israélienne. Ils pourraient toutefois offrir à l’Iran une résistance réelle supplémentaire face à de futures frappes aériennes israéliennes.
De plus, si Moscou a effectivement livré ces MiG, il se pourrait aussi qu’elle envisage de fournir à l’Iran des Sukhoï Su-35, qui sont plus avancés que de nombreux avions israéliens — hors F-35. Si ces évolutions sont préoccupantes, il existe aussi des signes que cela relève davantage d’un exercice de communication que d’un véritable renversement des transferts d’armement. L’Iran avait en janvier affirmé avoir reçu des Su-35, et aucun n’a combattu contre des avions israéliens en juin dernier.
Qu’il s’agisse d’un mensonge iranien ou d’appareils non prêts à l’emploi par crainte d’être abattus, il semble que les annonces iraniennes sur des avions russes ne se traduisent pas nécessairement par une menace immédiate — parfois elles ne signifient pas grand-chose.
Soit la reconstruction des capacités balistiques ou le transfert de chasseurs constituent une menace majeure pour Israël, soit il s’agit d’intentions destinées principalement à dissuader et intimider Jérusalem.