Le discours de Netanyahou à l'Assemblée générale de l'ONU ce vendredi a commencé sous les applaudissements mais aussi une certaine confusion. Des dizaines de délégués de différents pays ont quitté immédiatement la salle lorsqu’il est monté à la tribune, et des huées se sont fait entendre contre le Premier ministre. Une personne dans les gradins a continué d’essayer de perturber le discours en proférant des cris contre Netanyahou pendant les premières minutes du discours.
L’ambassadeur Danny Danon a affirmé que la délégation palestinienne à l’ONU avait préparé une « mise en scène » et demandé à plusieurs pays d’envoyer dans la salle des représentants mineurs, afin qu’on voie aux caméras beaucoup de monde quitter la salle.
Sur son costume, Netanyahou portait un pin's spécial des otages avec un code QR renvoyant vers le site des atrocités du 7 octobre (le site est accessible uniquement depuis l’étranger), créé dans le cadre de la campagne de communication internationale.
Les acquis militaires d'Israël
Le Premier ministre a commencé son discours en brandissant une carte du Moyen-Orient, la même qu'il avait apportée l'année dernière. Il a énuméré les succès militaires israéliens avec l'élimination de Nasrallah, de Sinwar, de nombreux dirigeants du Hamas et des Houthis, la chute du régime d'Assad, l'affaiblissement des milices iraniennes en Irak et l'opération Eveil du Lion en Iran.
Il en a profité pour remercier le Président Trump pour son soutien actif: ''Trump et moi avons promis d’empêcher l’Iran d’accéder à l’arme nucléaire et nous avons tenu parole'', a-t-il dit.
Un message directement adressé aux otages
Binyamin Netanyahou a rappelé que le Hamas détient encore 48 otages dont 20 encore en vie. Il a énuméré leurs noms puis s'est adressé à eux directement en hébreu puis en anglais en précisant que des hauts-parleurs avaient été disposés à cet effet dans la Bande de Gaza: ''Nos frères héroïques — c’est le Premier ministre Binyamin Netanyahou qui vous parle depuis la tribune de l’ONU. Nous ne vous avons pas oubliés, pas une seconde. Tout le peuple est avec vous. Nous n'aurons de cesse et nous n’abandonnerons pas tant que nous ne vous aurons pas tous ramenés à la maison''.
Netanyahou s'est également adressé au Hamas en anglais : ''Déposez vos armes, libérez mon peuple, libérez les otages, tous. Libérez les otages maintenant ! Si vous le faites — vous vivrez. Si vous ne le faites pas — Israël vous traquera. » Face à la pression internationale pour mettre fin à la guerre, il a souligné : « Si le Hamas accepte nos conditions, la guerre peut se terminer immédiatement. Gaza sera démilitarisée, Israël prendra le contrôle sécuritaire et une autorité civile sera établie par des Gazaouis et d’autres, et elle sera engagée envers la paix avec Israël''.
''La guerre que mène Israël est la vôtre''
Netanyahou a mené un ''quizz'' à l'aide de pancartes pour souligner le fait qu'Israël se tient en première ligne pour défendre tout l’Occident contre le terrorisme islamiste. « Faisons un petit quizz et levez la main si vous connaissez la réponse : qui crie “mort à l’Amérique” ? L’Iran, le Hamas, le Hezbollah, les Houthis ou toutes les réponses sont correctes ? » a-t-il demandé. « Deuxième question — qui a tué des Américains et des Européens de sang-froid : Al-Qaïda, le Hamas, le Hezbollah, l’Iran ou tous ceux cités précédemment ? » Depuis la galerie on a répondu : « Tous », et Netanyahou a dit : « Correct. Nos ennemis nous détestent tous de la même manière. Ils veulent entraîner le monde moderne dans une ère de violence, de fanatisme et de terrorisme. »
Il a ajouté, s’adressant aux pays occidentaux : « Vous sentez déjà dans vos sociétés la montée du radicalisme islamique. Vous savez qu’Israël mène votre guerre. Je vais vous confier un secret : dans des salles fermées, les dirigeants nous remercient. Ils apprécient nos renseignements qui ont empêché des attentats dans leurs pays. Quand Israël a frappé les installations nucléaires de l’Iran, le chancelier Merz a dit la vérité : “Israël fait le sale boulot pour nous tous.” Le président Trump comprend mieux que n’importe quel autre dirigeant qu’Israël et l’Amérique font face à un ennemi commun. Il a montré que l’Iran et ses proxys tuent des Américains, prennent des otages américains, crient “mort à l’Amérique” et ont tenté d’assassiner le président des États-Unis — deux fois — il leur a montré qu’il y a un prix à payer pour tout cela. »
Condamnation de la reconnaissance d'un Etat palestinien
Netanyahou a condamné les pays qui ont reconnu un État palestinien, et a déclaré : « Malheureusement, de nombreux dirigeants représentés dans cette salle envoient un message très différent. Après le 7 octobre, beaucoup d’entre eux ont soutenu Israël. Mais le soutien a disparu quand Israël a fait ce que ferait tout État qui se respecte. Nous avons riposté. Imaginez seulement. Une attaque contre l’Amérique, identique à l’attaque contre Israël — imaginez un régime de terreur envoyant des milliers de combattants envahir les États-Unis. Ils massacreront 40000 Américains, prendront 10000 Américains en otage. Que pensez-vous que ferait l’Amérique ? Pensez-vous que l’Amérique laisserait un tel régime continuer à exister ? Pas question. Les États-Unis effaceraient un tel régime et s’assureraient que cela ne se reproduise pas. C’est exactement ce que nous faisons — et nous garantissons que cette barbarie ne touchera plus Israël. C’est ce que nous faisons et tout gouvernement qui se respecte ferait de même. »
« Cela dit — et je suis désolé de le dire ici — de plus en plus de dirigeants cèdent sous la pression d’une presse partiale, des électeurs musulmans et d’une foule antisémite. Pour de nombreux pays où la situation est devenue difficile — vous avez cédé et voilà le résultat honteux de cet effondrement. Au cours des deux dernières années, Israël a dû combattre sur sept fronts de barbarie, et vos gouvernements s’opposent à nous. Étonnamment, quand nous combattons des terroristes qui ont tué vos civils, vous vous battez contre nous — vous nous sanctionnez. Je dis aux représentants de ces nations : ce n’est pas un acte d’accusation contre Israël. C’est un acte d’accusation contre vous. C’est un acte d’accusation contre des dirigeants faibles. Quand apprendrez-vous ? Vous ne pouvez pas apaiser le jihad. Si vous voulez fuir la tempête jihadiste, vous devez vous tenir aux côtés d’Israël. Comme l’ont dit les prophètes — vous faites passer le mal pour le bien et le bien pour le mal. »
Netanyahou a insisté sur le fait que la reconnaissance par certains pays arabes, ainsi que par la France, l’Australie et la Grande-Bretagne, a été faite sans conditions.
Il a affirmé que 90 % des Palestiniens ont soutenu les actes de barbarie du Hamas lors du massacre du 7 octobre. « Ils ne les ont pas seulement soutenus, ils les ont célébrés. Ils sont montés sur les toits, ont lancé des bonbons — aussi bien à Gaza qu'en Judée-Samarie », a-t-il déclaré, rappelant que des images similaires avaient aussi été vues après les attentats terroristes aux États-Unis le 11 septembre. Il a aussi noté que le Hamas a salué la reconnaissance d’un État palestinien : « Quand les terroristes les plus cruels félicitent vos décisions — vous n’avez pas fait quelque chose de juste. Vous avez fait quelque chose de mal. Vos décisions honteuses encourageront la violence contre les Juifs et les innocents partout. »
Le Premier ministre israélien a ajouté que les Palestiniens ne veulent pas d'un Etat mais veulent détruire le seul Etat juif : « Les Palestiniens ne croient pas à la solution à deux Etats. Ils n’y ont jamais cru. Ils ne veulent pas d’un État à côté d’Israël. Ils veulent un État à la place d’Israël. Et chaque fois qu’on leur a proposé un État mais qu’on leur a demandé de mettre fin au conflit et de reconnaître un État juif — à chaque fois, pendant des décennies, ils l’ont refusé. Et donc, chaque fois qu’on leur a donné un territoire, ils l’ont utilisé pour nous attaquer. En fait, ils avaient un État à Gaza — et qu’en ont-ils fait ? La paix ? La coexistence ? Non. Ils nous ont attaqués encore et encore. Ils ont tiré des roquettes et fait de Gaza une base terroriste. Le rejet palestinien d’un État juif à la frontière est ce qui alimente ce conflit, pas l’absence d’un État palestinien. »
Il a soutenu que l’obstacle à la reconnaissance d’un État juif n’était pas seulement le Hamas, mais aussi « l’Autorité palestinienne soi-disant modérée ». Selon lui : « Vous devez savoir que l’Autorité palestinienne paie des terroristes qui tuent des Juifs. Plus ils tuent de Juifs — plus ils reçoivent d’argent. On nomme des écoles et des places publiques d’après des massacreurs de Juifs, on les appelle martyrs. »
Aux affirmations des dirigeants occidentaux, en tête desquels le président français Macron, que l’Autorité palestinienne a promis de mener des réformes profondes, Netanyahou a répondu : « Oui, bien sûr. Nous avons entendu ces promesses pendant des décennies. Ils promettent toujours et ne les tiennent jamais. L’Autorité palestinienne est corrompue jusqu’à la moelle. Elle n’a pas organisé d’élections, elle éduque à la haine des Juifs et à l’anéantissement de l’État juif. »
Il a interrogé les dirigeants du monde : « Vous voulez leur donner un État ? C’est une récompenseau massacre du 7 octobre. Donner aux Palestiniens un État à quelques kilomètres d’Israël — c’est comme donner à Al-Qaïda un État à quelques kilomètres de New York. C’est de la folie et nous ne le ferons pas. Israël ne vous permettra pas de nous imposer un État. Nous n’accepterons pas le suicide national parce que vous êtes incapables de tenir face à une presse hostile. Je ne dis pas cela seulement en mon nom — mais au nom de mon gouvernement et de tous les habitants d’Israël », a-t-il ajouté, rappelant la décision de l’an dernier à la Knesset où 94 députés ont voté contre la création d’un État palestinien. « Ce n’est pas une lubie personnelle, c’est l’opinion de plus de 90 % des Israéliens. Mon opposition à un État palestinien n’est pas seulement ma politique ou celle de mon gouvernement — c’est la politique du peuple d’Israël. »
Rejet des accusations de génocide et de famine
Netanyahou a rejeté les accusations de génocide dans la bande de Gaza et a détaillé les efforts d’Israël pour éviter de frapper des civils gazaouis : « Israël est accusé de viser délibérément les civils. La vérité est inverse. Israël prend plus de mesures pour minimiser les victimes civiles que n’importe quelle armée de l’histoire. » Selon lui, le ratio de victimes civiles par rapport aux combattants est de 2 pour 1, « inférieur à ce qu’a connu l’OTAN en Afghanistan et en Irak », et il a soutenu que ce chiffre est significatif au regard du fait que « Gaza est l’un des endroits les plus densément peuplés de la planète avec des centaines de kilomètres de tunnels. Des milliers de terroristes sont dissimulés dans des tunnels et dans des immeubles civils. »
Il a répété que le Hamas empêche les civils d’évacuer les zones de combat et a déclaré :''Connaissez-vous une armée qui veut commettre un génocide et qui prévient la population qu'elle est censée exterminer avant d'attaquer? Le Hamas qui veut exterminer tous les Juifs de la planète est récompensé et Israël est accusé; Quelle blague!''
Elargissement des accords de paix
Netanyahou s'est exprimé sur les négociations avec la Syrie : « Je crois qu'il est possible de parvenir à un accord qui respectera la souveraineté syrienne et la sécurité des minorités en Syrie. Si le Liban réussit à désarmer le Hezbollah, je pense que nous pourrions avoir une paix stable et durable ». Netanyahou a ajouté : « J'appelle le gouvernement libanais à entamer des négociations directes avec Israël ».
Il a également appelé à une union entre les peuples israélien et iranien.