L'État accélère le rappel de dizaines de milliers de réservistes exemptés au cours de la décennie. Cette mobilisation massive s'inscrit dans le cadre de l'opération "Chars de Gédéon II", prévue pour durer jusqu'en 2026, et constitue une réponse directe à la pénurie de soldats dans le contexte des défis sécuritaires actuels.
Les chiffres révèlent l'ampleur de cette mobilisation : d'environ 15 000 notifications d'annulation d'exemption envoyées il y a dix mois, l'armée israélienne en a désormais expédié 27 000, un nombre appelé à croître encore. Parmi les personnes rappelées, 57% ont répondu favorablement à l'appel et rejoint leurs unités, principalement des formations de combat.
L'âge moyen des rappelés s'établit à 32,5 ans, la plupart des convocations concernant des hommes ayant servi jusqu'à l'âge de 40 ans. Un profil qui témoigne de l'urgence des besoins militaires et de la volonté de l'état-major de puiser dans un vivier d'anciens soldats expérimentés.
La procédure ne se déroule pas sans heurts. Quelque 40% des rappelés ont interjeté l'appel, invoquant principalement des raisons personnelles, familiales ou médicales. Cependant, seuls 16% de ces recours ont abouti favorablement. En juillet dernier, sur 14 861 demandes de maintien d'exemption, près de 11 000 ont été rejetées.
"Tous ne reviennent pas avec le sourire", reconnaît l'armée israélienne, qui organise désormais des journées de placement à la base de Tel Hashomer pour faciliter la réintégration. L'objectif : proposer des postes adaptés aux compétences et aux contraintes de chacun.
L'analyse des affectations révèle les priorités stratégiques de Tsahal. Lors de la première vague de rappels, 3 726 réservistes ont rejoint l'infanterie de combat, 497 les unités blindées, 490 le génie militaire, et 460 l'artillerie. Une part significative a également été dirigée vers la nouvelle division chargée des opérations en Judée-Samarie, notamment la protection de la frontière jordanienne.
Malgré un pic de motivation au début du conflit (plus de 100% de présence), l'armée fait face à une érosion progressive. Le taux de mobilisation des bataillons de réserve a chuté entre 60 et 70%, témoignant de la fatigue après près de deux ans de guerre intensive.
Cette situation pousse l'état-major à rappeler même des quadragénaires, notamment pour des postes critiques comme les médecins militaires ou les spécialistes du génie de combat, secteurs où les pénuries se font particulièrement sentir.