Moyen-Orient

Gaza: des femmes exploitées sexuellement par des travailleurs humanitaires

Une enquête de l'Associated Press met en lumière un système d'exploitation sexuelle des femmes à Gaza par des travailleurs humanitaires.

3 minutes
3 octobre 2025

ParGuitel Benishay

Gaza: des femmes exploitées sexuellement par des travailleurs humanitaires
Photo by Ali Hassan/Flash90

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Une enquête de l'Associated Press met en lumière la manière dont des travailleurs humanitaires conditionnent l'octroi d'une aide en échange de faveurs sexuelles.

Ainsi, des femmes affirment avoir été exploitées par des hommes locaux — certains associés à des organisations humanitaires — qui promettaient nourriture, argent, eau, fournitures ou travail en échange d'interactions sexuelles. Six femmes ont relaté leurs expériences à l'Associated Press, chacune sous couvert d'anonymat par crainte de représailles de leurs familles ou des hommes concernés.

L'une des femmes qui s'est confiée à l'AP a décrit des appels téléphoniques qui ont commencé en octobre, un an après le début de la guerre. Au début, les questions de l'homme étaient simples : qu'est-il arrivé à son mari ? Combien d'enfants avaient-ils ? Mais, selon cette veuve de 35 ans, le ton a changé et est devenu obscène.

Elle raconte avoir rencontré cet homme à Muwasi, une zone humanitaire dans la Bande de Gaza. Elle s'est retrouvée à faire la queue pour obtenir de l'assistance et a donné son numéro de téléphone à un travailleur humanitaire — un Palestinien portant un uniforme de l'UNRWA.

Peu après, les appels tardifs ont commencé. Il posait des questions à caractère sexuel, raconte-t-elle, et elle restait silencieuse. À un moment donné, il a demandé à venir la voir. Elle a refusé, et après près d'une douzaine d'appels sans aide reçue, elle a bloqué son numéro.

La femme affirme avoir signalé cet homme à l'UNRWA à Gaza par une plainte verbale. On lui aurait dit qu'elle avait besoin d'un enregistrement des conversations comme preuve, mais elle possédait un vieux téléphone incapable d'enregistrer les appels.

Ce scénario a été décrit par plusieurs femmes, souvent des mères de famille, à Gaza. A chaque fois, les hommes étaient palestiniens. Plusieurs ont dit ne pas avoir pu identifier à quelle organisation humanitaire ils étaient associés.

Certaines femmes disent avoir été sollicitées plusieurs fois, par différents hommes tout au long de la guerre.

Juliette Touma, directrice de la communication de l'UNRWA, a déclaré par courriel que l'agence applique une politique de tolérance zéro en matière d'exploitation sexuelle, prend chaque signalement au sérieux et n'exige pas de preuve. Cependant, elle n'a pas voulu confirmer les cas évoqués par l'enquête, invoquant la politique de l'UNRWA de ne pas discuter de cas individuels, et n'a pas souhaité commenter ces cas d'exploitation.

Le réseau de Protection contre l'exploitation et les abus sexuels indique avoir reçu l'année dernière 18 allégations d'abus et d'exploitation sexuels liés à la réception d'aide humanitaire à Gaza, toutes impliquant soit des travailleurs humanitaires, soit des personnes associées, comme des représentants communautaires ou des sous-traitants privés. Les allégations contre les travailleurs humanitaires font l'objet d'enquêtes par l'organisation qui emploie les mis en cause. Le réseau n'a pas précisé combien de cas faisaient l'objet d'une enquête, affirmant ne pas pouvoir divulguer d'informations à ce stade.

De nombreuses organisations ne veulent pas mettre en avant les chiffres ou la question car avouent-elles, « La plupart d'entre nous préfèrent maintenir l'attention sur la violence et les violations commises par l'occupation israélienne ».

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