Dans les rues de Tel-Aviv comme à Jérusalem, l’ambiance a changé. Le pays respire – un peu. Le retour des otages vivants, célébré comme une victoire humaine, a offert à Israël un rare moment d’unité nationale. Les drapeaux sont ressortis, les familles se sont enlacées, et dans les écoles comme les entreprises, on a parlé de “nouveau départ”.
Mais derrière les sourires, le silence reste lourd. Les fêtes de Tichri, symboles de réparation et de renouveau, se sont terminées sur un sentiment mêlé de gratitude et d’épuisement. Beaucoup peinent à reprendre un rythme normal. Les enfants reviennent à l’école avec encore des images de guerre et d’attente. Les adultes, eux, oscillent entre besoin de tourner la page et crainte de l’avenir.
“On se remet à travailler, mais nos cœurs sont ailleurs”, confie Yael, mère de trois enfants à Modiin. “On est soulagés, bien sûr, mais tout semble fragile, comme si tout pouvait s’effondrer à nouveau.”
Ce fragile équilibre résume l’humeur du pays. La joie du retour se heurte à l’absence de ceux qui ne reviendront pas. Les blessures psychologiques — personnelles et collectives — ne se referment pas aussi vite que les portes des abris. Dans les hôpitaux et les centres communautaires, les psychologues parlent d’une “fatigue morale nationale”.
Sur le plan politique, les débats reprennent : comment reconstruire la confiance envers les institutions ? Quelles leçons tirer de ces mois de crise ? Haaretz évoque déjà “le risque d’un oubli volontaire”, alors que d’autres, au contraire, appellent à une forme de résilience israélienne : “nous avons traversé le feu, nous savons nous relever.”
La fin des fêtes et le retour à la routine marquent un tournant. Dans un pays habitué à vivre entre urgence et espérance, cette nouvelle étape s’annonce décisive. Israël ne fête pas seulement la vie retrouvée : il apprend à vivre avec la mémoire, la peur et la force de continuer.