Israël

Tremblement de terre au procès Netanyahou

L'audience qui s'est déroulée hier (mercredi) au procès Netanyahou a fait l'effet d'un tremblement de terre.

5 minutes
23 octobre 2025

ParGuitel Benishay

Tremblement de terre au procès Netanyahou
Tzahi Havkin. Photo by Chaim Goldberg/Flash90

Désolé, votre navigateur ne supporte pas la synthèse vocale.

L'audience qui a eu lieu hier au tribunal de district de Jérusalem dans le cadre des procès Netanyahou a fait l'effet d'un tremblement de terre.
En effet, un ancien commissaire de police en charge de l'enquête a fait des révélations sur les méthodes irrégulières employées par les enquêteurs dans les différents dossiers concernant le Premier ministre.

Il y a un mois, dans le cadre de son témoignage au procès du Premier ministre, l'ancien haut responsable de la police des polices, Dubi Shertzer, avait refusé de révéler devant le tribunal l'identité de l'enquêteur de police qui était venu en temps réel transmettre des informations sur des infractions commises par la police dans le cadre des enquêtes sur Netanyahou. Hier(mercredi), il est revenu sur sa décision et a révélé : l'enquêteur de police est Tzahi Havkin, enquêteur à Lahav 433, membre senior de l'équipe d'enquête dans les dossiers Netanyahou.

Havkin a été convoqué pour témoigner devant la cour et son audience donc eu lieu hier, malgré l'opposition du Parquet qui souhaitait la reporter pour avoir le temps de se préparer.

Havkin a fait remonter en temps réel les irrégularités qu'il constatait dans la manière dont l'enquête sur le Premier ministre était menée mais la directrice de la police des polices de l'époque, Keren Bar Menahem a refusé d'examiner ces allégations.

Devant le tribunal, l'ancien policier a énuméré les méthodes sinon illégales du moins irrégulières utilisées par les enquêteurs afin de monter les dossiers contre Netanyahou:

Les enquêteurs ont dépassé l'autorisation de Mandelblit au début de l'enquête dans le dossier 1000

Havkin a admis que le conseiller juridique de l'époque, Avihaï Mandelblit avait limité l'autorisation d'enquête uniquement à l'utilisation de l'appartement de James Packer à l'hôtel Royal Beach, mais l'équipe d'enquête l'a ignoré, a dépassé le cadre autorisé et a posé des questions sur les cadeaux au couple Netanyahou. Havkin a reconnu qu'il pensait que Mandelblit les confinait dans un cadre trop strict et les enquêteurs ont donc décidé de leur propre chef de l'élargir.

Mandelblit n'a pas permis d'enquêter sur Yossi Cohen, ancien directeur du Mossad, concernant l'utilisation de l'appartement de Packer à l'hôtel Royal Beach, mais a autorisé l'interrogatoire de Yaïr Netanyahu bien qu'il ne soit pas fonctionnaire

Havkin a admis qu'il voyait l'utilisation de l'appartement par Yossi Cohen comme une infraction – "Je pensais qu'il était juste et nécessaire d'ouvrir une enquête, ou au moins une vérification. Mandelblit a ordonné de faire une séparation complète des dossiers. Jusqu'à mon départ, Yossi Cohen n'a pas été interrogé".

Les enquêteurs savaient en temps réel que la version de Filber sur la réunion dites des ''instructions'', sur laquelle l'acte d'accusation du dossier 4000 était basé, ne correspondait pas aux preuves

Havkin a admis que déjà en temps réel, l'équipe d'enquête savait que la date de la réunion dite des ''instructions'' selon le témoignage de Shlomo Filber ne correspondait pas aux localisations des protagonistes et aux autres preuves – "C'est un sujet dont on parlait dans l'unité". C'est sur la base de cette réunion lors de laquelle Binyamin Netanyahou aurait donné des instructions au sujet de la fusion entre Bezeq et Yes, qu'est monté tout le dossier 4000. Sans cette réunion, le dossier n'existe pas.

L'emploi de méthodes répréhensibles moralement

Les enquêteurs ont fait usage de méthodes d'intimidation envers des témoins qui sont devenus des témoins à charge contre Netanyahou. Ainsi, par exemple, Nir Hefetz a accepté de devenir témoin à charge après que les enquêteurs ont fait venir dans les locaux où il était interrogé une femme dont il était proche et qui n'était pas son épouse en le menaçant de faire des révélations à ce sujet. "Je savais qu'il y avait quelque chose d'irrégulier, je ne suis pas allé immédiatement parler à Dubi. Pour moi amener quelqu'un qui n'a aucun lien réel avec l'enquête, uniquement pour faire pression sur quelqu'un, c'est quelque chose d'irrégulier. Je ne pense pas que ce soit illégal ou criminel. Irrégulier. Je dis tout cela rétrospectivement", a déclaré Havkin à la barre.

Ilan Yeshua n'a pas été mis en garde à vue bien qu'il ait été selon eux complice des infractions

Havkin a admis qu'il ne comprenait pas pourquoi Ilan Yeshua, directeur du média Walla! à l'époque des faits, n'a pas été placé en garde à vue bien qu'il ait raconté dans son témoignage qu'il était en fait complice des infractions présumées - "Yeshua a raconté de lui-même son implication. J'ai demandé pourquoi il n'était pas placé en garde à vue, on m'a dit c'est ce que le conseiller Mandelblit a ordonné".

Suite à ces révélations, le député Moshé Saada (Likoud), ancien adjoint au chef puis chef intérimaire de la police des polices a déclaré: "Ce qui vient de se produire dans la salle d'audience où se déroule le procès du Premier ministre relève du séisme. Durant mon mandat en tant qu'adjoint au chef de la police des polices, une source de haut rang qui avait précédemment dirigé une équipe d'enquête dans les dossiers Netanyahou m'a contacté et a demandé à transmettre des informations incroyables sur les infractions commises par des enquêteurs de police dans les dossiers du Premier ministre".

Saada a affirmé avoir été bloqué par le parquet : "Lorsque j'ai voulu ouvrir une enquête sur les enquêteurs et vérifier les informations - le parquet m'en a empêché, a refusé d'accorder l'immunité à la source (Tzahi Havkin, ndlr) et après que l'affaire a été rendue publique, a même prétendu qu'une telle source n'existait pas vraiment et qu'il s'agissait d'un mensonge. Aujourd'hui - la vérité éclate au grand jour".

ActuJ