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Mais qui êtes-vous Mister Vance ?

Quand il atterrit à Tel-Aviv le 21 octobre, c’est la première fois que le vice-président J.D. Vance, fidèle allié de Donald Trump et avenir du parti républicain, vient en Israël, à 41 ans, cet enfant de la classe ouvrière de l’Ohio devenu numéro deux des États-Unis, découvre le pays qu’il évoque comme un modèle de résilience et d’esprit pionnier.

3 minutes
23 octobre 2025

ParNathalie Sosna Ofir

Mais qui êtes-vous Mister Vance ?
« America First, mais Israël jamais seul », résume un proche conseiller à la Maison-Blanche, Flash90.

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Né en 1984 à Middletown, au cœur de la ceinture industrielle du Midwest, James David Vance grandit dans une famille modeste marquée par la violence et la précarité. Ancien Marine passé par la guerre d’Irak, il trouve dans l’écriture une forme de salut. Son livre Hillbilly Elegy, publié en 2016, devient un best-seller mondial et un manifeste involontaire du « Trumpisme », en donnant une voix aux oubliés de l’Amérique ouvrière. Diplômé de Yale, avocat à San Francisco, puis investisseur dans la Silicon Valley, il revient en 2022 dans son Ohio natal pour briguer un siège au Sénat, qu’il remporte brillamment. Trois ans plus tard, il devient le plus jeune vice-président américain depuis Al Gore.

Issu d’une famille évangélique, Vance s’est longtemps défini comme un chrétien en quête, ne se reconnaissant dans aucune Église particulière. En 2019, après un cheminement personnel marqué par la lecture des Pères de l’Église et l’influence de sa femme Usha, il embrasse le catholicisme. Il y voit une force d’unité spirituelle et culturelle face à une Amérique fragmentée. Chrétien convaincu et catholique pratiquant, il prône un retour à la morale, à la famille et à la dignité du travail, qu’il considère comme les piliers d’une nation forte.

Moins impulsif que Donald Trump mais tout aussi combatif, Vance incarne la nouvelle génération du conservatisme américain : nationaliste, populiste et socialement conservateur. Son credo : défendre la classe ouvrière contre les élites économiques et culturelles, tout en préservant les valeurs traditionnelles. « Je ne crois pas à une Amérique post-chrétienne, je crois à une Amérique qui se souvient de ce qu’elle est », répète-t-il souvent.

Pour sa première visite en Israël, J.D. Vance s’est rendu à Yad Vashem, a rencontré Benjamin Netanyahu et déclaré que « le lien entre nos deux nations n’est pas circonstanciel, il est moral et historique ». Pragmatique, il soutient le droit d’Israël à se défendre « par tous les moyens nécessaires », mais plaide pour une stratégie régionale coordonnée impliquant les pays arabes sunnites dans la stabilisation de Gaza. « America First, mais Israël jamais seul », résume un proche conseiller à la Maison-Blanche.

Vance estime que les États-Unis doivent éviter toute intervention militaire directe au Moyen-Orient, tout en maintenant un soutien technologique et diplomatique fort à leurs alliés. Il soutient les accords d’Abraham, voit dans la coopération israélo-saoudienne un levier stratégique, et considère que la menace iranienne « ne peut être tolérée ni par Israël ni par le monde libre ». Lors de sa conférence à Tel-Aviv, il a précisé : « Nous ne sommes pas en guerre contre l’Iran, mais contre son programme nucléaire et ses ambitions destructrices. »

Barbe rousse taillée, regard franc et ton sans fioritures, J.D. Vance séduit les uns par son authenticité et irrite les autres par sa dureté. Ses partisans y voient un penseur enraciné et courageux, ses détracteurs un idéologue conservateur habilement modernisé. Mais personne ne conteste son ascension fulgurante : en moins d’une décennie, l’enfant des collines de l’Ohio est devenu l’un des visages les plus puissants du monde libre.

Pour Israël, cette visite n’est pas une simple formalité diplomatique. C’est la rencontre d’un homme qui croit à la Providence avec un pays qui incarne la résilience. Entre foi, réalisme et stratégie, J.D. Vance trace sa propre route — quelque part entre le Midwest et le Proche-Orient, entre le populisme et la conviction que l’Histoire, parfois, s’écrit à Jérusalem.

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