Le tribunal correctionnel de Bobigny a rendu mercredi son verdict dans l’affaire de l’arbre planté en hommage à Ilan Halimi, jeune homme juif torturé à mort en 2006. Des frères jumeaux ont été condamnés pour avoir abattu cet olivier mi-août à Épinay-sur-Seine : l’un à huit mois de prison ferme, l’autre à huit mois avec sursis.
Les prévenus ont été reconnus coupables de destruction aggravée de bien d’autrui. En revanche, le tribunal les a relaxés du chef de violation d’un monument dédié à la mémoire des morts, commise en raison de la race, l’ethnie, la nation ou la religion. Les juges ont estimé que rien ne prouvait qu’ils avaient conscience qu’il s’agissait d’un monument en mémoire d’Ilan Halimi.
L’avocate des plaignants, Muriel Ouaknine Melki, a dénoncé le jugement sur les réseaux sociaux, déplorant que le tribunal ait écarté la qualification d’antisémitisme. Elle a annoncé que le parquet ferait appel de la décision.
Ces peines sont inférieures aux réquisitions du ministère public, qui avait demandé respectivement 12 et 15 mois de prison. « C’est un acte matériel, mais qui est dépassé par la puissance du symbole », avait déclaré la procureure. « Parce qu’ils ont porté atteinte à la mémoire d’Ilan Halimi, parce que c’est un symbole », avait-elle insisté.
L’abattage de l’arbre, survenu dans la nuit du 13 au 14 août dans le parc Alcobendas, avait suscité une vive émotion dans la classe politique. L’olivier avait été planté en 2011, en hommage à Ilan, dont le prénom signifie « arbre » en hébreu.
Les deux frères avaient été arrêtés quelques jours après les faits. L’enquête avait notamment établi leur présence dans le parc au moment des faits, grâce aux données de leurs téléphones portables, et leur ADN avait été retrouvé sur le tronc.
Ce n’est pas la première fois que des arbres commémoratifs en hommage à Ilan Halimi sont vandalisés. En 2019, deux autres arbres avaient été sciés à Sainte-Geneviève-des-Bois, dont un portait sa photo. De nouveaux arbres ont depuis été replantés, notamment en septembre dernier à Épinay-sur-Seine, témoignant d’une volonté constante de préserver la mémoire de cette victime de la barbarie antisémite.