Depuis août 2025, plus d’une centaine d’appels d’offres ont été publiés par les principales agences onusiennes — UNDP, UNOPS et UNRWA — ainsi que par la Banque mondiale et le portail gouvernemental palestinien SHIRAA. Ces projets concernent tous les secteurs essentiels : logement, santé, énergie, éducation, transport et environnement.
Selon le dernier rapport du UNDP-PAPP, le coût total des programmes de reconstruction est estimé à 70 milliards de dollars sur dix ans, soit l’un des plans humanitaires les plus ambitieux de l’histoire contemporaine du Moyen-Orient.
Exemples d’appels d’offres en cours
• UNDP-PAL-00399.7 (août 2025) – Fourniture et installation d’unités préfabriquées en acier dans la bande de Gaza.
Montant estimé : 120 millions de dollars.
Objectif : reloger temporairement 25 000 familles déplacées d’ici fin 2026.
• UNOPS-RFQ/2025/56286 (février 2025) – Accord-cadre pour la fourniture de modules plats préfabriqués (Flatpacks).
Montant : 48 millions de dollars, pour une durée de trois ans.
Ces structures doivent permettre la remise en service rapide d’écoles et de centres de santé.
• UNRWA 2025/ENG/072 – Réhabilitation des réseaux d’eau et d’assainissement dans les camps de réfugiés de Khan Younès et Rafah.
Budget : 35 millions de dollars.
Objectif : moderniser 37 kilomètres de canalisations et six stations de pompage.
• World Bank – West Bank & Gaza Energy Resilience Project (août 2025)
Budget global : 410 millions de dollars, dont 70 millions pour Gaza.
Objectif : déployer des installations solaires décentralisées afin de sécuriser l’alimentation électrique des hôpitaux et stations de dessalement.
• SHIRAA 2025/16802 – Déblaiement et recyclage des gravats post-conflit.
Montant total : 92 millions de dollars, avec un objectif de retrait de 3,5 millions de tonnes de débris sur deux ans.
Les grands acteurs économiques en lice
Les consortiums pressentis viennent principalement de Turquie, d’Inde, d’Égypte, de Jordanie et de Chine.
Des entreprises chinoises, telles que China State Construction Engineering Corporation (CSCEC) et Sinohydro, auraient déjà manifesté leur intérêt via des filiales régionales ou des partenariats techniques.
Des groupes européens — notamment Vinci, Hochtief et Italcementi — se positionnent sur les segments du ciment, des matériaux écologiques et de la gestion des déchets.
Selon un diplomate proche du dossier, « chaque appel d’offres à Gaza est désormais un champ de rivalité économique autant qu’un projet humanitaire ».
Enjeux géopolitiques
La reconstruction de Gaza dépasse la simple dimension civile : elle redessine les équilibres régionaux.
Les États-Unis et l’Union européenne souhaitent encadrer les flux financiers pour éviter tout détournement, tandis que la Chine et les pays du Golfe y voient une occasion d’accroître leur influence au Levant.
Un haut fonctionnaire onusien cité par Channel 12 souligne : « Les appels d’offres révèlent déjà des tendances : la Chine étend sa présence économique, parfois indirectement, par des sociétés sous-traitantes utilisant ses matériaux et équipements. »
Perspectives
La première phase, dite de stabilisation rapide, court jusqu’à mi-2026 et mobilise environ 12 milliards de dollars.
Les priorités : loger, fournir de l’eau potable et remettre en marche les infrastructures critiques.
Les phases suivantes, de 2026 à 2035, visent à transformer Gaza en une « zone de développement durable », selon le plan présenté à Genève par le Programme des Nations unies pour le développement.