Judaïsme

Quand un mot biblique résonne aujourd’hui : que signifie vraiment « Hamas » ?

Dans la parasha Noah de cette semaine, le rabbin Eliezer Simcha Weisz relie le sens ancien du mot hébreu « ḥamas » — violence, corruption — au nom et à la doctrine de l’organisation qui se présente comme « Mouvement de la résistance islamique ». Une réflexion accessible à tous les publics juifs, croyants ou non.

2 minutes
24 octobre 2025

ParDelphine Miller

Quand un mot biblique résonne aujourd’hui : que signifie vraiment « Hamas » ?
AI

Désolé, votre navigateur ne supporte pas la synthèse vocale.

Dans la parasha Noah de cette semaine, le rabbin Eliezer Simcha Weisz revient sur l’étymologie et l’emploi biblique du mot hébreu « ḥamas » (חָמָס) — généralement traduit par « violence » ou « brutalité » — et interroge ce que ce terme implique lorsqu’on le retrouve, aujourd’hui, dans le nom du mouvement islamiste Hamas.

Le rabbin rappelle que le mot apparaît dès la Genèse pour décrire une société corrompue et violente, et qu’il est ensuite employé à plusieurs reprises dans les Psaumes pour qualifier l’homme de violence que la tradition condamne. Plutôt que d’insister sur la dimension religieuse du texte, son propos met l’accent sur la portée morale du terme : ḥamas désigne une attitude où la brutalité devient un instrument légitime pour atteindre des fins politiques ou idéologiques.

Weisz rapproche ensuite cette définition de la doctrine officielle de l’organisation fondée en 1987–1988. Le Hamas, dans sa charte initiale, affirme la primauté du « jihad » et rejette les solutions politiques et diplomatiques comme voies valables pour résoudre le conflit. Pour le rabbin, cette convergence — entre un nom qui renvoie à la violence et une rhétorique qui glorifie la lutte armée — donne un sens supplémentaire à l’avertissement biblique : face à des acteurs qui font de la violence une fin en soi, la prudence et la lucidité sont nécessaires.

Le texte souligne deux implications concrètes. D’abord, sur le plan du jugement moral : l’usage systématique de la violence rend toute confiance en des engagements écrits plus problématique, selon l’argument avancé. Ensuite, sur le plan civique et politique : reconnaître la nature d’un adversaire influe sur les stratégies de sécurité, de négociation et de protection des civils.

Le rabbin cite par ailleurs des sources juives classiques (Rachi, Ramban, le Hafetz Haïm) pour rappeler que le rejet du mensonge et de la tromperie est une valeur centrale — mais son approche reste ici descriptive plutôt que prescriptive : il insiste sur la nécessité d’ouvrir les yeux sur la réalité, sans en tirer automatiquement une position politique déterminée pour tous.

ActuJ
Tags