Zamaswazi (Swati) Dlamini-Mandela et Zaziwe Dlamini-Manaway, deux petites-filles de Nelson Mandela, ont effectué un voyage en Israël début octobre, quelques jours avant le cessez-le-feu dans la Bande de Gaza.
« C’est une perspective complètement différente lorsque vous êtes assis avec les familles et les victimes, que vous entendez et voyez les choses de vos propres yeux », confie Swati au site Jewish News. « Les deux récits existent, mais être sur place change tout. »
Leur visite, organisée par le National Black Empowerment Council, les a menées de Yad Vashem aux ruines du kibboutz Nir Oz, puis jusqu’à la Gaza Humanitarian Foundation, où elles ont passé une journée à distribuer nourriture et médicaments aux femmes et aux enfants.
Elles ont rencontré des survivants des attaques du 7 octobre, des responsables israéliens de haut rang, ainsi que Rachel Goldberg Polin, la mère de l'otage Hersh, z'l, assassiné en captivité. Elles affirment qu'elles garderont un souvenir inoubliable de cette rencontre: « Rachel Goldberg-Polin était extraordinaire – l’incarnation même de la résilience », se souvient Zaziwe, « Elle a tenu plus de 300 jours en sachant que son fils unique était vivant, avant d’apprendre sa mort. Elle souriait encore, parlait encore de paix ».
Leur séjour en Israël coïncidait avec le deuxième anniversaire des atrocités commises par le Hamas, une expérience qu’elles qualifient d’« épouvantable » et de « déchirante ». « Entendre les récits en face à face a été dévastateur », raconte Swati. « L’ampleur des pertes est inimaginable, c’est quelque chose que nous n’oublierons jamais. »
Les deux femmes ont traversé la frontière pour participer à la distribution d’aide humanitaire à Gaza. « La destruction était totale », décrit Zaziwe. Elles ont également été frappées par la coordination humanitaire sur place. « Nous avons vu des Israéliens, des Américains et des Gazaouis travailler ensemble pour acheminer l’aide », ajoute Swati. « Nous ignorions que cette coopération existait déjà avant cette guerre. Cela nous a redonné espoir : la collaboration reste possible. »
Concernant la plainte pour ''génocide'' déposée par leur pays, l'Afrique du Sud, contre Israël devant la CIJ, Swati déclare : « La position du gouvernement ne représente pas tous les Sud-Africains. Notre visite était purement humanitaire. Nous sommes venues écouter et apprendre. Ce que nous avons vu, c’est la souffrance des gens ordinaires, pas la politique. »
Mais c’est leur prise de position claire sur la comparaison avec l’« apartheid » qui confère à leur voyage une dimension importante. « L’apartheid, c’était la ségrégation raciale institutionnalisée par l’État », rappellent-elles. « Ce que nous avons vu en Israël et à Gaza est très différent. Il n’y a pas de comparaison possible. Nous avons rencontré des communautés juives et arabes vivant, travaillant et se mariant côte à côte. Assimiler les deux réalités, c’est trahir leur histoire respective. »