Sécurité

Enquête sur l'attaque du moshav Ein HaBesor le 7 octobre : le courage des civils face au chaos militaire

Tsahal reconnaît son échec dans la défense du moshav Ein HaBesor, selon l’enquête publiée ce matin, vendredi, ce sont les membres de l'unité de défense locale et plusieurs habitants qui ont repoussé seize terroristes lourdement armés et empêché un massacre.

3 minutes
31 octobre 2025

ParNathalie Sosna Ofir

Enquête sur l'attaque du moshav Ein HaBesor le 7 octobre : le courage des civils face au chaos militaire
L’entrée du moshav, le matin du massacre.

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Les conclusions du rapport, conduit pendant plusieurs mois par le colonel de réserve Ziv Beit-Or et validé par l’ancien commandant du Commandement Sud, le général Yaron Finkelman, dressent un constat sévère : « Tsahal a échoué dans sa mission de protéger Ein HaBesor. »

Le matin du 7 octobre, vers 6 h 30, les sirènes d’alerte retentissent. Le chef de la sécurité du moshavYoav Shefer, alerte immédiatement la force d’intervention locale, renforcée par un groupe de résidents déjà organisés en raison d’une série d’effractions survenues les mois précédents.

Les terroristes, arrivés à bord d’un pick-up et d’une moto, sont équipés de lance-roquettes antichars, de fusils d’assaut, de grenades et de radios. Ils se dirigent d’abord vers la station-service de Magen, la pillent, puis prennent la route d’Ein HaBesor. À 7 h 54, ils ouvrent le feu sur la barrière d’entrée du moshav.

Quatre membres de la force locale, positionnés à l’entrée ouest, répliquent immédiatement. L’un d’eux est blessé, un autre parvient à intercepter un groupe de terroristes qui tentent de forcer la clôture nord. Un échange nourri s’ensuit. Malgré plusieurs blessés, les habitants tiennent leur position jusqu’à la retraite des terroristes, peu avant 8 h 10.

Sur le terrain, la confusion règne. Le bataillon 51 de la brigade Golani, engagé ailleurs dans des combats meurtriers, perd le contrôle opérationnel de la zone. Les communications entre unités sont rompues, les ordres contradictoires. Ce n’est qu’en fin d’après-midi que le commandement parvient à reconstituer une image claire de la situation à Ein HaBesor.

Pendant ce temps, les habitants continuent seuls la défense du village. Les rares renforts militaires n’arrivent que bien plus tard. Le rapport salue la discipline et le sang-froid des civils, qui ont su établir un centre de commandement local - un poste d’urgence improvisé dans une maison privée - assurant la liaison avec l’extérieur et coordonnant l’évacuation des familles.

Les deux blessés sont évacués non par Tsahal, mais par leurs voisins. L’un d’eux, atteint à la jambe, est d’abord transporté vers l’arrière du moshav avant que son frère ne tente de le conduire à l’hôpital en voiture. En route, le véhicule tombe sur un groupe de terroristes près du carrefour de Maon : le blessé est touché une seconde fois, plus grièvement encore. Son frère parvient à fuir et à revenir au village, où un médecin résident lui prodigue les premiers soins avant un transfert sous escorte civile vers l’hôpital Soroka à Beer Sheva.

Le rapport du Commandement Sud souligne la bravoure exceptionnelle des habitants, qui ont empêché la prise du village et probablement sauvé des dizaines de vies mais il pointe aussi un effondrement systémique de la chaîne de commandement : incapacité de Tsahal à établir une image claire du terrain ; absence de coordination entre les forces ; carence en renforts et en évacuation médicale ; dépendance totale à la population civile pour la défense et la logistique.

« Nous savions que personne ne viendrait, raconte un membre de la force locale. On s’est battus pour nos familles, nos voisins. C’était nous ou eux. »

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