Des dizaines de milliers de personnes se sont rassemblées samedi soir place Rabin, à Tel-Aviv, pour commémorer le 30e anniversaire de l’assassinat d’Yitzhak Rabin. La cérémonie, retransmise en direct, s’est interrompue par une minute de silence à 21h45 — heure du meurtre — et s’est conclue par « Chanson pour la paix » chantée par Miri Aloni, celle-là même que l'ancien Premier ministre avait entonné sur cette place quelques minutes avant d'être tué par un extrémiste juif.
Parmi les intervenants figuraient le chef de l’opposition Yaïr Lapid, l’ex-chef d’état-major et leader du parti Yashar Gadi Eisenkot, le président des Démocrates Yaïr Golan, l’ancienne ministre Tzipi Livni et le rescapé de captivité Gadi Mozes. Le ton des discours a mêlé hommage au Premier ministre assassiné et mises en garde contre la polarisation politique actuelle.
Yaïr Lapid a affirmé que « les trois balles tirées ici visaient à assassiner non seulement un dirigeant, mais aussi une idée ». Il affirmé que le Juif religieux qui a tiré sur Rabin n'avait rien à voir avec le judaïsme : "Ceci n’est pas le judaïsme. Ce n’est pas le judaïsme de l’immense majorité des citoyens israéliens. Les extrémistes ne le représentent pas, ils ne parlent pas en son nom. Ici, sur cette place, ce n’est pas le judaïsme qui a tiré, c’est le judaïsme qui a été touché. Ce n’est pas le judaïsme qui a tué, c’est le judaïsme qui a été assassiné." Il a appelé à préserver l’identité juive et démocratique d’Israël et à refuser la violence et la haine qui, selon lui, refont surface aujourd’hui. et a dénoncé "l’instrumentalisation du judaïsme" par les ministres les plus à droite du gouvernement : « Le racisme de Ben-Gvir n’est pas du judaïsme. »
Et à cela, nous devons répondre ici, sur cette place : ceci n’est pas le judaïsme. Ce n’est pas le judaïsme de l’immense majorité des citoyens israéliens. Les extrémistes ne le représentent pas, ils ne parlent pas en son nom. Ici, sur cette place, ce n’est pas le judaïsme qui a tiré, c’est le judaïsme qui a été touché. Ce n’est pas le judaïsme qui a tué, c’est le judaïsme qui a été assassiné. Il a appelé à préserver l’identité juive et démocratique d’Israël et à refuser la violence et la haine qui, selon lui, refont surface aujourd’hui.
Gadi Eisenkot a rappelé Rabin comme « un véritable garant de la sécurité » et a estimé que son héritage combinait fermeté en matière de sécurité et engagement politique pour la paix. Il a appelé à la création d’une commission d’enquête d’État sur les attaques du 7 octobre et à l’adoption d’une loi sur la conscription égale pour tous.
Le leader de gauche Yaïr Golan a relié les événements tragiques de 1995 aux tensions politiques et sociétales actuelles : « Trente ans se sont écoulés… leur écho résonne encore aujourd’hui dans tous les actes de ce gouvernement qui agit contre son propre peuple », a-t-il déclaré, dénonçant "les atteintes à la démocratie et les discriminations".
Gadi Mozes, libéré après 482 jours de captivité, a rendu hommage à la responsabilité assumée par Rabin et a appelé au choix de la paix quand cela est possible : "Nous devons convaincre la population que choisir la paix, c'est choisir l'avenir de nos enfants et la renaissance du peuple."
Il a ajouté : « Je sais que si Yitzhak Rabin était Premier ministre aujourd’hui, personne ne serait laissé pour compte. Il ne nous aurait pas abandonné, nous, les otages, pendant deux ans."