Le camp de Sdé Teman, situé dans le sud d’Israël et utilisé comme centre de détention pendant la guerre du 7 octobre, est au cœur d’un séisme judiciaire et politique. Plusieurs soldats de réserve de la “Force 100” sont poursuivis pour avoir infligé de graves violences à un prisonnier palestinien, après la diffusion d’une vidéo montrant des scènes d’abus présumés.
Mais cette semaine, l’un des inculpés, identifié seulement comme “A.”, a pris la parole devant les médias, le visage couvert, pour dénoncer ce qu’il décrit comme une trahison :
« Nous en avons assez de rester silencieux. Le 7 octobre, nous sommes sortis sans réfléchir à deux fois. Nous n’avons pas demandé de crédit, nous savions qu’il y avait un pays à défendre. Au lieu d’un câlin, nous avons reçu des accusations. Vous ne nous avez pas laissé répondre ; vous avez fait un procès de terrain comme si vous décidiez qui est coupable. Peut-être que vous avez essayé de nous briser, mais vous avez oublié que nous sommes une Force 100. »
Cette déclaration intervient alors que la procureure militaire en chef, Yifat Tomer-Yerushalmi, a présenté sa démission et fait désormais l’objet d’une enquête policière pour la fuite de la vidéo à la presse. Un tournant majeur : selon les avocats des soldats, si la plus haute autorité judiciaire militaire a elle-même violé la loi, “tout le procès est entaché”.
Des députés de droite dénoncent un “procès politique” contre ceux qui ont “défendu Israël dans les heures les plus sombres”, tandis que des voix plus modérées appellent à maintenir l’indépendance de la justice militaire.
Entre sentiment d’abandon chez les réservistes et perte de confiance dans les institutions, l’affaire Sdé Teman cristallise un profond malaise dans Tsahal – celui d’une armée qui cherche à concilier devoir moral, loyauté nationale et justice.