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Tribune - L'Orchestre philarmonique d'Israël : un exemple à suivre….

Je crois qu'il faut éclairer la lanterne des syndicalistes CGT du monde du spectacle français qui semblent être aveuglés par une haine d'un autre temps.

4 minutes
3 novembre 2025

ParGuitel Benishay

Tribune - L'Orchestre philarmonique d'Israël : un exemple à suivre….
Photo by Moshe Shai/Flash90

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Le concert de l'Orchestre philarmonique d'Israël provoque donc une sortie de la CGT. En effet, la CGT Spectacle a publié un communiqué concernant ce concert exceptionnel. Le syndicat conditionne la prestation de l'Orchestre Philarmonique d'Israël prévue ce jeudi 6 novembre à la Philharmonie de Paris, à un rappel au public, je cite cette expression incongrue. Je vais plus loin dans le communiqué :  la CGT accuse l'orchestre d'avoir des liens avec l'Etat d'Israël et l'armée israélienne….

Eh bien je crois qu'il faut éclairer la lanterne des syndicalistes CGT du monde du spectacle français qui semblent être aveuglés par une haine d'un autre temps.

Mais je voudrais surtout les rassurer : Oui l'Orchestre Philarmonique d'Israël a bel et bien des liens avec l'Etat d'Israël. Pas seulement d'ailleurs avec l'Etat d'Israël mais avec l'ensemble du peuple juif.

Des liens forts, historiques qui puisent à l'essence même de ce qu'est l'Etat d'Israël depuis sa création.

Un peu d'histoire si vous le voulez bien :  Le 26 décembre 1936 naquit l'Orchestre de Palestine. Oui vous avez bien lu, l'Orchestre de Palestine.

 Le grand violoniste et musicien juif d'origine polonaise, Bronislaw Huberman, qui avait pressenti la Shoa, réunit 75 musiciens juifs issus des plus grands orchestres européens. Ils étaient progressivement expulsés des orchestres européens en Allemagne, en Autriche puis en France sous la pression de l'idéologie nazie et étaient déjà confrontés à l'ostracisme, l'anathème et le boycott parce que juifs. Il les persuada d'immigrer en Palestine pour rejoindre l'orchestre qu'il rêvait de créer. Il considérait que ce se serait là « la matérialisation de la culture sioniste dans la patrie nos ancêtres ». Un orchestre symphonique sur les dunes de sable de Tel Aviv….

Huberman invita le plus grand chef d'orchestre de l'époque, Arturo Toscanini, à diriger le concert d'ouverture le 26 décembre 1936, donné à l'occasion de l'inauguration de "la Foire du Levant", une exposition universelle qui prit place pour la première fois à Tel Aviv, cette "ville nouvelle hébraïque" telle qu'on la surnommait à l'époque. Toscanini abandonna son célèbre orchestre de la NBC pendant plusieurs semaines « pour prodiguer des soins paternels au nouveau-né… ». Le grand Maestro, qui avait auparavant échappé à la montée du fascisme dans son Italie natale, déclara : «"Je fais cela pour l'humanité car je sais que cet orchestre portera très haut les valeurs universelles de la musique".

En 1948 il prit le nom d'Orchestre Philarmonique d'Israël et depuis se produit partout dans le monde.

C'est donc bel et bien un symbole, celui d'un orchestre né et créé pour lutter contre la discrimination sur lequel la CGT souhaite jeter le discrédit aujourd'hui.

Si leur conduite n'était pas dictée par la haine, la CGT spectacle devrait se réjouir de la prestation de cet orchestre, qui est d'ailleurs, je le précise car peu le savent un exemple unique au monde d'autogestion puisque fondé à l'époque de la création des kibboutzim, l'orchestre est constitué en coopérative indépendante, c'est-à-dire que les musiciens de l'orchestre en sont les propriétaires et les gérants. Un modèle donc pour un syndicat du monde du spectacle…. Un modèle qu'il faudrait admirer et imiter.

Mais c'est un autre symbole, tout aussi fort, que le syndicat d'extrême gauche refuse de voir:  celui d'une institution culturelle de haut niveau née et créée plus d'une décennie avant la création de l'Etat d'Israël. Tout comme l'Université hébraïque de Jérusalem en 1925, l'institut Polytechnique TECHNION de Haïfa en 1912, le théâtre Habima en 1928, l'Institut Weizman de recherche scientifique en 1934.

Bref alors que l'idée d'un Etat juif indépendant n'était encore qu'un rêve plus lointain que jamais, le peuple juif s'attelait sur cette petite portion de Terre promise sur laquelle il se trouvait, à se doter d'institutions académiques, culturelles, artistiques et universelles pour préparer et précipiter autant que possible la création de cet Etat tant attendu.

Alors la question que devrait se poser la CGT est toute simple : que font les Palestiniens depuis toutes ces années au cours desquelles ils rêvent eux aussi d'un Etat indépendant, dont on nous dit qu'il sera le gage de la stabilité et de la paix future ?

Combien d'universités, d'instituts de recherche scientifique, combien de théâtres, de musées et d'orchestres symphoniques ou philarmoniques ont été créés sur les territoires que l'Autorité palestinienne et le Hamas administrent librement et souverainement depuis plus de 30 ans ?  La réponse est malheureusement connue :  ils ont préféré construire les tunnels de la terreur et les fabriquer des missiles et des roquettes pour bombarder les civils d'Israël.

Voilà ce que représente l'Orchestre philarmonique d'Israël ; un modèle historique à suivre que la CGT ferait bien de conseiller à ses amis palestiniens plutôt que de sombrer dans la course au boycott et à l'anathème.

Chronique de Daniel Saada sur Radio J du dimanche 02 novembre 2025

Daniel Saada était ambassadeur d'Israël en France

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