L’annonce a fait l’effet d’une onde de choc. Le célèbre Concertgebouw d’Amsterdam, considéré comme l’un des plus grands temples de la musique classique au monde, a décidé d’annuler le concert de Hanoucca du 14 décembre. En cause : la présence annoncée du lieutenant-colonel Shaï Abramson, chantre en chef de Tsahal et figure emblématique du chant liturgique israélien.
Dans un communiqué, la direction du Concertgebouw a affirmé que « la participation d’un représentant officiel de l’armée israélienne n’est pas compatible avec la mission de l’institution, qui est de rassembler les peuples à travers la musique ». La direction précise que, bien qu’Abramson soit aujourd’hui employé civil de Tsahal, son rôle reste « incompatible avec la neutralité du lieu, surtout dans le contexte de la guerre à Gaza ».
La Fondation organisatrice du concert, qui collabore depuis plusieurs années avec la salle, a dénoncé une décision « discriminatoire » et annoncé son intention d’engager des poursuites judiciaires pour atteinte à la liberté religieuse. Selon elle, le refus d’accueillir Abramson « renforce le sentiment d’isolement des Juifs aux Pays-Bas et alimente une atmosphère d’exclusion ».
Le directeur général du Concertgebouw, Simon Reinink, a reconnu dans un entretien au site DutchNews qu’il s’agissait d’une exception à la règle de liberté artistique : « Nous ne dérogeons à ce principe que dans les cas les plus rares. Malheureusement, celui-ci en fait partie. »
La décision a provoqué une vive réaction au sein de la communauté juive néerlandaise. Doron Sanders, président du mouvement Mizrahi aux Pays-Bas, a déclaré : « La situation commence à rappeler les années 1930. De plus en plus de lieux refusent d’accueillir des artistes israéliens sous prétexte qu’ils représentent un État accusé à tort de génocide. C’est une atmosphère étouffante, inquiétante, et nous ne savons pas où cela mènera. »
Malgré la trêve actuelle à Gaza, la tension autour d’Israël ne faiblit pas en Europe, où les annulations de concerts et d’expositions israéliennes se multiplient. L’affaire du Concertgebouw illustre la montée d’un climat où la culture devient, elle aussi, champ de bataille symbolique.