Les forces de Tsahal et l’administration civile israélienne ont lancé la semaine dernière une opération ciblée contre plusieurs sites illégaux de déchets près du village de Deir Ballut, en Judée-Samarie, identifiés comme principales sources de pollution atmosphérique affectant la ville israélienne de Rosh Ha’Ayin. De nouvelles données de l’administration civile montrent une explosion des plaintes environnementales, multipliées par trois en deux mois, face à la montée des incendies sauvages de déchets, surnommés “pirate trash fires”. Ces feux, où se mêlent plastique, pneus, bois et déchets électroniques, dégagent des fumées toxiques atteignant jusqu’à Tel-Aviv.
L’opération, dirigée par l’unité d’application de l’administration civile et la brigade Ephraïm de Tsahal, a conduit à la destruction de plusieurs décharges illégales et à la saisie de camions utilisés pour le déversement clandestin d’ordures. Dans la même zone, les forces ont aussi démoli des constructions non autorisées dans le village voisin de Fandaq. Selon l’administration civile, ces actions visent à “protéger la santé publique et à faire respecter l’État de droit dans la zone C.”
D’après l’ONG Citizens for Clean Air, les plaintes pour fumées et odeurs nauséabondes sont passées à 1 800 signalements en octobre, contre environ 600 en août.,Ces incendies représentent 27 % des émissions de particules fines et 75 % des rejets de substances cancérigènes dans l’air israélien et le ministère de la Santé estime que cette pollution provoque environ 4 700 décès prématurés par an.
Le désastre écologique a provoqué une lutte ouverte entre ministères : la ministre de la Protection de l’environnement, Idit Silman, accuse le ministère de la Défense et la direction des implantations de “traîner les pieds” et exige la mise en œuvre d’un plan global de nettoyage. L’administration civile affirme, elle, avoir éteint plus de 80 incendies le mois dernier et travaille à la construction d’un nouveau site d’enfouissement près de Ramallah, dont la mise en service prendra plusieurs années.
L’ONG Citizens for Clean Air a adressé une lettre d’urgence au Premier ministre Benyamin Netanyahu, lui demandant de réunir Silman et Bezalel Smotrich, ministre responsable des affaires civiles en Judée-Samarie, afin de mettre fin aux renvois de responsabilité : “C’est une crise environnementale nationale qui ne connaît pas de frontière, les habitants du centre d’Israël respirent chaque nuit les déchets brûlés de la Judée-Samarie”
Le contrôleur d’État estime que cette pollution coûte 1,3 milliard de shekels par an à l’économie israélienne et malgré la création en 2023 d’une équipe interministérielle, le plan d’action est resté bloqué pendant des mois, chaque ministère accusant l’autre de retarder les décisions.