Les urnes pour l’élection à la mairie de New York City ont déjà ouvert, et la fermeture est prévue à 4 h du matin, heure d’Israël. Si le candidat pro-palestinien Zohran Mamdani est élu maire, cela pourrait constituer un tournant inédit pour la ville — particulièrement en ce qui concerne son attitude vis-à-vis d’Israël.
New York, longtemps réputée pour ses liens étroits avec Israël et abritant l’une des plus importantes communautés juives du monde, se retrouverait face à une réalité politique nouvelle où des positions critiques à l’encontre de l’État israélien pourraient bénéficier d’une expression institutionnelle.
Le maire de New York détient un pouvoir conséquent en raison de la taille de la ville et de son budget. Il supervise tous les départements municipaux — de l’éducation aux transports, en passant par les services de santé et la police —, fixe des priorités budgétaires, initie des politiques et nomme des hauts fonctionnaires. Bien qu’il n’ait pas de compétence directe en matière de politique étrangère, il est en mesure d’orienter la politique d’investissement de la ville et ses liens avec des entités externes, étrangères ou internationales.
Les effets possibles pour Israël
Au cours de sa carrière publique, Mamdani a construit une image de politicien virulent à l’égard d’Israël. Il a appuyé des initiatives visant à réduire les investissements dans des organismes liés à l’État israélien, demandé une réévaluation de la participation de la ville dans des forums avec Israël, et critiqué publiquement la politique israélienne à Gaza. Selon cette logique, en tant que maire, il pourrait tenter de mettre en œuvre des mesures symboliques exprimant une réserve vis-à-vis d’Israël : par exemple, en modifiant la politique d’attribution de subventions municipales à des organisations pro-israéliennes ou en mettant fin à des projets de coopération avec des institutions israéliennes.
Bien que le maire n’ait pas autorité pour conduire de véritables relations internationales, il peut influencer de façon indirecte les mécanismes municipaux : subventions, collaborations culturelles et économiques, événements officiels, gestion budgétaire des fondations et associations œuvrant dans le domaine israélo-juif. De telles mesures peuvent être chargées de signification symbolique forte, surtout dans une ville où la communauté juive est profondément ancrée dans la vie culturelle, économique et politique.
Si Mamdani met en œuvre une partie de ses idées, des tensions sont à prévoir entre l’administration municipale et les institutions de la communauté juive. Un changement de cap de la ville envers Israël pourrait susciter des critiques de la part d’acteurs économiques, philanthropiques et culturels liés à Israël, et potentiellement entraîner une baisse des coopérations sociales et économiques entre la ville et les organisations israéliennes.
De plus, les positions de Mamdani à l’égard d’Israël pourraient trouver un large écho public à l’échelle nationale. New York exerce une forte influence sur l’opinion américaine, et son maire est parfois une figure de portée internationale. Ainsi, des décisions municipales apparemment locales pourraient être interprétées comme un signal nouveau dans la relation entre des acteurs américains et Israël, même si l’administration fédérale continue d’entretenir des liens étroits avec Jérusalem.
Cependant, il est important de rappeler que l’impact concret d’un maire sur les relations diplomatiques reste très limité. Toute décision en matière de relations extérieures, de sécurité, d’aide économique ou diplomatique revient à Washington, et non à New York. C’est pourquoi Mamdani ne pourra en pratique pas tenir sa promesse électorale de procéder à l’arrestation de Benjamin Netanyahu s’il se rendait à New York, selon les mandats d’arrêt émis par la Cour pénale internationale de La Haye.
En conclusion, même si Mamdani venait à promouvoir une politique municipale plus critique à l’égard d’Israël, cela ne modifierait pas la structure formelle des relations entre les deux États. Les principales conséquences seraient à chercher dans la sphère publique et communautaire : dans la formation de l’opinion, dans les médias et dans les relations entre les institutions de la ville et les organisations juives et israéliennes.
Ppur l'heure Mamdani a une courte avance, 4,5%, verdict demain à l'aube.