Le ministre de la Défense israélien, Israel Katz, a promis ce mercredi une ligne ferme : l’armée détruira les réseaux de galeries souterraines à l’intérieur de la « ligne jaune » et neutralisera les hommes du Hamas « sans aucune limite ». Sa déclaration intervient au terme d’un débat brûlant au cabinet et sous la pression américaine — Washington demandant d’autoriser la sortie d’environ 200 combattants du Hamas emprisonnés dans le dédale de tunnels de Rafah — option qu’Israël a finalement écartée.
L’exécutif israélien a examiné l’idée de laisser quitter la zone ces 200 "combattants" du Hamas vers un secteur contrôlé par le Hamas, à condition qu’ils déposent les armes. Face aux critiques politiques et opérationnelles, le bureau du Premier ministre a averti que la décision finale maintiendrait ces hommes sous contrôle israélien. Le revirement illustre la difficulté de concilier pression extérieure, impératifs sécuritaires et calculs politiques internes.
À Washington, la perspective d’un transit sécurisé de ces "combattants" était perçue comme un moyen de faire avancer la deuxième phase de l’accord de cessez-le-feu. Les responsables américains craignent toutefois qu’une opération israélienne visant ces hommes — ou une confrontation imprévue lors de leur transfert — n’ébranle le fragile statu quo et ne provoque l’effondrement de la trêve. C’est précisément ce risque d’escalade que les conseillers américains cherchent à éviter.
Dans l’état-major israélien, la position est claire et tranchée : il faut détruire les tunnels et empêcher la libération sans contrepartie. Les tunnels de Rafah, expliquent des sources militaires, constituent des infrastructures stratégiques — points d’appui, caches d’armes et lieux de transit — qu’il faut neutraliser pour réduire la capacité opérationnelle du Hamas. Certains responsables avancent qu’une fois les terroristes extraits, il serait toujours possible d’entrer dans ces galeries pour les fouiller puis les détruire, mais cette option a été jugée trop risquée, politiquement et militairement.
La question logistique se double d’un dilemme moral et politique : accepter le transfert de ces "combattants" reviendrait à renoncer, en partie, au contrôle immédiat sur des éléments hostiles ; les éliminer sur place exposerait Israël à une réaction en chaîne susceptible de briser la fragile accalmie. En interne, des voix ont dénoncé l’idée d’un « laisser-passer » comme inacceptable, fût-il temporaire, et ont appelé à préserver la pression militaire tout en poursuivant les canaux diplomatiques.
Le dossier illustre surtout le bras de fer entre objectifs militaires et contraintes diplomatiques. Pour Israël, la priorité opérationnelle est nette : neutraliser les tunnels et empêcher que des terroristes circulent librement. Pour les États-Unis, l’obsession du moment est d’éviter toute manœuvre qui compromettrait la trêve et les efforts de médiation.
En attendant, Israel Katz a choisi la rhétorique de la fermeté — destruction des galeries et élimination des terroristes « sans aucune limite » — une mise en garde politique et un signal adressé aux alliés.
Le spectre d’une reprise des hostilités plane : si l’exécution concrète de ces mots provoquait des incidents localisés, la fragile architecture du cessez-le-feu pourrait chanceler. Israël dit vouloir frapper fort pour empêcher la recomposition du potentiel militaire du Hamas ; ses partenaires, eux, demandent précaution et calcul. Le pays navigue au bord d’un compromis aux conséquences lourdes — sur le terrain et sur la scène internationale.