International

Plainte contre Karim Khan: le Qatar serait intervenu en sa faveur

Le journal britannique The Guardian a révélé que le Qatar aurait mobilisé des sociétés de renseignement privées contre la femme accusant le procureur de la CPI Karim Khan, de harcèlement sexuel.

3 minutes
6 novembre 2025

ParGuitel Benishay

Plainte contre Karim Khan: le Qatar serait intervenu en sa faveur
Photo Ministerie van Buitenlandse Zaken. Flickr

Désolé, votre navigateur ne supporte pas la synthèse vocale.

Le journal britannique The Guardian a révélé ce jeudi soir que le Qatar aurait mobilisé des sociétés de renseignement privées contre la femme accusant le procureur de la Cour pénale internationale (CPI) de La Haye, Karim Khan, de harcèlement sexuel. Selon le quotidien, l'opération - commandée par "une unité diplomatique de haut niveau" au Qatar - visait à établir des liens entre la plaignante et Israël. Aucune connexion de ce type n'a été trouvée.

D'après l'enquête, l'opération "a permis d'obtenir des informations sensibles sur cette employée de la CPI et sur sa famille". L'objectif, selon le rapport, était de trouver des preuves permettant de remettre en cause sa crédibilité et ses accusations contre Khan, responsable des mandats d'arrêt émis contre le Premier ministre Binyamin Netanyahou et l'ancien ministre de la Défense Yoav Gallant.

L'opération était dirigée par la société Highgate, basée à Londres, qui se présente comme un "cabinet de conseil stratégique" conseillant dirigeants d'entreprise et leaders politiques sur la gestion de "questions à haut risque". La société a confirmé avoir travaillé sur "une opération liée à la CPI", tout en affirmant "n'avoir agi contre personne" et en niant que le Qatar soit le commanditaire.

Mais selon le journal britannique, un petit groupe de cadres supérieurs de Highgate savait que le client de l'opération était "l'unité qatarie", le financement étant considéré comme extrêmement sensible. Les responsables du projet prenaient soin de désigner le client comme "l'État client" ou "l'État Q".

Highgate a cherché des informations reliant la femme et sa famille à Israël ou à ses services de renseignement. La société a engagé Elicius Intelligence, spécialisée dans la collecte de renseignements, pour l'aider à rassembler des informations sur la femme, son fils, son mari et ses parents. Highgate a également demandé à enquêter sur d'autres employés de la CPI impliqués dans la réponse de la Cour aux accusations contre Khan.

Le journal n'a trouvé aucune preuve d'une implication personnelle de Khan dans l'opération, mais des personnes au fait des détails affirment que Highgate a rencontré des représentants de Khan. L'opération d'espionnage aurait également pu viser d'autres employés de la CPI.

La plaignante a déclaré au Guardian être "choquée par cette opération". "L'idée que des sociétés de renseignement privées aient reçu l'ordre de me nuire est inconcevable et déchirant. Où cela s'arrêtera-t-il et combien de temps cela prendra-t-il encore ? Si c'est à cela que ressemble la justice internationale, ce n'est pas le système auquel j'ai consacré ma vie. J'ai toujours fait mon travail discrètement. Je suis venue pour servir, pas pour être vue", a-t-elle confié.

La société Highgate a réagi à ces révélations: "Highgate a mené une évaluation indépendante concernant d'éventuelles activités secrètes ou inappropriées qui auraient pu tenter de compromettre la crédibilité, l'indépendance ou l'efficacité de la CPI".

Highgate n'a pas démenti sa rencontre avec les représentants de Khan, qualifiant cette information de "privée, commercialement sensible et confidentielle". Les avocats de Khan n'ont pas non plus démenti la réunion, mais ont affirmé que les représentants "n'avaient aucune connaissance, sans parler d'implication, dans les activités présumées des sociétés de renseignement privées". Ils ont ajouté qu'aucune information sur l'activité de ces sociétés n'avait été fournie à Khan.

Le Qatar n'a pas réagi à la publication du Guardian, pas plus qu'Elicius Intelligence.

ActuJ