Depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie, les États européens se réarment à marche forcée. Dernier exemple : l’Allemagne, qui a officialisé un contrat géant avec l’entreprise israélienne Rafael pour l’acquisition de missiles antichars Spike destinés à ses unités d’infanterie. Le montant du marché s’élève à près de 2 milliards d’euros, selon Calcalist, et sera mis en œuvre via EuroSpike, coentreprise entre Rafael et les groupes allemands Rheinmetall et Diehl Defense.
Ces missiles « fire and forget » de haute précision, capables d’atteindre jusqu’à 16 km de portée pour la version ER2, remplacent des systèmes vieillissants et comblent des failles révélées par la guerre en Ukraine.
D’après les analystes du Foundation for Defense of Democracies à Washington, cette transaction s’inscrit dans une vague d’achats européens de matériel israélien : Royaume-Uni, Finlande, Pologne, République tchèque, Danemark ou Estonie ont eux aussi augmenté leurs commandes depuis 2022. En 2024, 54 % des exportations d’armement israéliennes étaient destinées à l’Europe – un bond spectaculaire par rapport aux 35 % de l’année précédente.
Israël, de son côté, y trouve un double intérêt : économique et stratégique. Le pays renforce sa production domestique — 150 milliards de shekels investis dans l’industrie de défense nationale — tout en consolidant ses alliances militaires.
L’accord avec Berlin n’est d’ailleurs pas isolé : en 2023, l’Allemagne avait déjà signé un contrat historique de 3,5 milliards de dollars pour le système antimissile Arrow 3, produit par Israel Aerospace Industries (IAI), qui s’est illustré lors de la défense d’Israël contre l’Iran en juin 2025. La Finlande, elle, s’est dotée du David’s Sling, autre système israélien conçu pour intercepter missiles et drones.
Cette montée en puissance des exportations israéliennes s’explique aussi par la convergence d’intérêts : pendant que Moscou alimente Téhéran et ses alliés en armes, l’Europe choisit Israël comme fournisseur stratégique, gage de technologie éprouvée et d’indépendance face aux pressions américaines ou russes.