Washington et Damas : Israël pourrait-elle faire obstacle au rapprochement ?
Selon le magazine américain Foreign Policy, le président Donald Trump souhaite intégrer le président syrien Ahmad al-Sharaa dans un nouvel ordre régional dirigé par Washington.
Mais Israël, écrit le magazine, pourrait chercher à « faire échouer cette initiative ».L’analyse souligne que les États-Unis et leurs alliés voient dans une Syrie post-Assad une opportunité de remodeler durablement l’équilibre régional en l’arrimant au camp pro-américain. Pendant des décennies, la Syrie fut un pilier du « camp de la résistance » dirigé par l’Iran, servant de pont terrestre pour le transfert d’armes et de fonds vers le Hezbollah libanais. Si Damas rejoignait désormais le bloc occidental, ce serait « un bouleversement majeur du rapport de forces », privant l’Iran d’un allié central et renforçant les alliances américaines au cœur du Moyen-Orient. Une adhésion de la Syrie aux Accords d’Abraham est évoquée, mais jugée « hautement improbable » à court terme, la normalisation avec Israël restant très impopulaire dans la société syrienne.Trump miserait sur la stabilité autoritaire d’un régime pro-occidental ; Israël, lui redoute une Syrie renforcée et soutenue par les États-Unis. Cette divergence d’intérêts pourrait devenir un nouveau point de fracture stratégique entre Washington et Jérusalem.
L’expert israélien du renseignement : « La Turquie a trahi Israël »
Selon Türkiye Today, le Dr Yaakov Falkov, historien du renseignement à l’Université de Tel-Aviv, estime que la communauté du renseignement israélienne considère désormais la Turquie comme une puissance hostile : « En Israël, on voit dans la Turquie une trahison stratégique. » Les diplomates turcs auraient reçu pour consigne de cesser tout contact amical avec leurs homologues israéliens, signe d’une hostilité institutionnelle croissante. Même les services de renseignement turcs (le MIT) et militaires auraient commencé à traiter Israël comme un rival, malgré une coopération passée dans la lutte antiterroriste et sur le dossier syrien.Falkov décrit un consensus nouveau au sein du gouvernement, du monde universitaire et des milieux sécuritaires israéliens : la Turquie représente une menace stratégique grandissante. Il critique également la culture de loyauté politique instaurée par Benyamin Netanyahu : « Le Premier ministre s’entoure de responsables du renseignement et de diplomates politiquement dépendants, peu enclins à le contredire. Cela a créé un fossé croissant entre la compréhension professionnelle des menaces et la perception politique du pouvoir. »
Et si la paix venait du Liban
Un article d’opinion signé par Hanin Ghaddar, Robert Satloff et Ehud Yaari dans le Washington Institute estime qu’un accord de paix israélo-libanais n’est plus une utopie. Pour la première fois depuis des décennies, le débat sur la paix n’est plus tabou à Beyrouth : « Le Liban mène une véritable discussion nationale sur une question autrefois réservée aux chuchotements. »
Le contexte : l’affaiblissement du Hezbollah, la volonté de Donald Trump d’élargir les Accords d’Abraham, et des déclarations convergentes de Netanyahou et du président libanais Joseph Aoun, évoquant une possible ouverture. Netanyahu a proposé une « branche d’olivier » à Beyrouth, tout en exigeant le désarmement du Hezbollah. Aoun, de son côté, a reconnu que le Liban « ne peut rester à l’écart du courant régional de résolution des crises ». Mais les obstacles demeurent : « Tant que le Hezbollah et ses alliés chiites radicaux conserveront leurs armes, la paix restera hors de portée. Le désarmement du Hezbollah est le préalable absolu à toute avancée. »