International

Le mystère derrière l'évacuation de 153 Gazaouis bloqués à l'aéroport de Johannesburg

Les autorités sud-africaines ont finalement autorisé 130 personnes à entrer sur le territoire, tandis que 23 autres ont été redirigées vers d'autres pays

4 minutes
15 novembre 2025

ParJohanna Afriat

Le mystère derrière l'évacuation de 153 Gazaouis bloqués à l'aéroport de Johannesburg
Gazaouis bloqués à l'aéroport de Johanessburg Photo : Réseaux sociaux 27A

Désolé, votre navigateur ne supporte pas la synthèse vocale.

Partis de Rafah sans savoir où ils allaient, 153 Palestiniens ont atterri à Johannesburg après un voyage clandestin organisé par une organisation fantôme. Bloqués 12 heures sur le tarmac sans eau ni nourriture, ils ont payé jusqu'à 2 000 dollars par personne pour fuir Gaza.

Louay Abu-Saif ne pensait pas que sa fuite de Gaza prendrait cette tournure. Arrivé en Afrique du Sud avec sa femme et ses enfants après un périple éprouvant, il confie à Al Jazeera un soulagement mêlé d'incompréhension : "Je me sens désormais en sécurité. C'est très important, surtout après Gaza." Mais comme les 152 autres passagers, il ignore toujours qui a réellement organisé ce voyage.

Pour afficher le contenu du service tiers X, vous devez consentir au traitement de vos données personnelles par ce dernier.


Après avoir bloqué leur débarquement, les autorités sud-africaines ont finalement autorisé 130 personnes à entrer sur le territoire, tandis que 23 autres ont été redirigées vers d'autres pays. Une enquête est en cours pour élucider ce que le président Cyril Ramaphosa qualifie de "circonstances mystérieuses".

Tout a commencé par une publication sur les réseaux sociaux. L'épouse d'Abu-Saif y a vu une opportunité : l'annonce ciblait les familles avec enfants possédant des documents de voyage valides et une autorisation de sécurité israélienne. Aucun détail sur l'organisation responsable, aucune explication sur les critères de sélection.

La notification est tombée 24 heures seulement avant le départ. "Ils nous ont dit de ne rien emporter, ni sacs ni valises, seulement les documents nécessaires", raconte Abu-Saif. Le prix : entre 1 400 et 2 000 dollars par personne, "enfants et nourrissons compris".

Un voyage sans tampon ni destination

Les familles ont été embarquées dans des bus à Rafah, puis conduites via le poste frontière de Kerem Shalom jusqu'à l'aéroport Ramon. Selon Louay Abu-Saif, le premier détail troublant était qu'aucun tampon sur les passeports n'a été effectué, ni à l'entrée ni à la sortie d'Israël. "Je n'y ai pas prêté attention sur le moment", dit-il.

La destination ? Inconnue jusqu'au dernier moment. L'avion a décollé d'Israël, fait escale à Nairobi au Kenya, puis mis le cap sur Johannesburg. "Ce n'est qu'au redécollage que nous avons appris où nous allions", explique-t-il.

L'organisation "Al-Majd", que les autorités israéliennes identifient comme responsable de l'opération, avait promis un soutien "une semaine ou deux" après l'arrivée. Ensuite, les familles seraient livrées à elles-mêmes.

Arrivés à Johannesburg sans papiers en règle, les 153 passagers se sont vu refuser l'accès à l'aéroport. Pendant 12 heures, ils sont restés coincés dans un avion surchauffé, sans eau ni nourriture. Les autorités sud-africaines ont été vivement critiquées pour ce traitement.

L'ambassade palestinienne en Afrique du Sud a dénoncé une organisation "non enregistrée et trompeuse" qui a "exploité les conditions tragiques de notre peuple à Gaza". Selon elle, cette entité a "escroqué des familles, collecté de l'argent et organisé le voyage de manière irresponsable" avant de "renier ses responsabilités" face aux complications.

Imtiaz Suleiman, fondateur de l'ONG Gift of the Givers qui a négocié le débarquement des passagers, révèle qu'il ne s'agit pas d'un cas isolé. Un vol similaire avait atterri fin octobre avec plus de 170 Palestiniens, également non signalé aux autorités.

Le président Ramaphosa a promis de faire toute la lumière sur cette affaire, tout en appelant à la compassion : "Ce sont des personnes issues d'un pays divisé, d'un État détruit. Bien qu'elles ne possèdent pas les documents nécessaires, nous devons les accueillir avec empathie."

ActuJ