Israël

Tsahal et le 7 octobre: nouvelles révélations

De nouveaux éléments issus du rapport du général Samy Turgeman mettent en lumière les manquements de l'état-major.

5 minutes
18 novembre 2025

ParGuitel Benishay

Tsahal et le 7 octobre: nouvelles révélations
Photo Abed Rahim Khatib Flash90

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Il y a environ une semaine, la commission Turgeman a dévoilé son rapport sur les enquêtes menées par Tsahal concernant les défaillances du massacre du 7 octobre. Cette enquête, qui établit notamment qu'il aurait été possible d'éviter les atrocités de ce samedi noir, a suscité de nombreuses réactions.
De nouveaux éléments issus de ce rapport, portant notamment sur les décisions prises par le général Eyal Zamir pendant son mandat de commandant du secteur Sud ont été révélés par la chaine israélienne N12.

Des concepts de défense inadaptés et des décisions erronées ou inexistantes

En 2018, le chef d'état-major Zamir avait reçu, alors qu'il commandait le secteur Sud, ce qui est aujourd'hui qualifié de « renseignement en or » : le plan du Hamas visant à anéantir la division de Gaza par voie terrestre, en franchissant la barrière, au moyen de milliers de terroristes de la No'hba.

Mais Zamir n'a rien entrepris – aucune discussion n'a eu lieu sur le sujet. Il n'a élaboré aucun scénario de référence pour une attaque de grande ampleur et n'a pas actualisé le « modèle d'alerte ».

« Cela seul aurait dû ébranler les fondements de Tsahal. », estime la commission Turgeman.

Le rapport précise également que les responsables du secteur Sud et de la division de Gaza n'ont apporté aucune modification aux concepts de défense ni à la préparation face à cette menace après réception du plan : « Le document comprenait déjà à l'époque un recensement des points faibles des forces de Tsahal dans la zone frontalière, leur déploiement, la coordination entre les forces du Hamas devant infiltrer simultanément, et bien d'autres éléments. »

Quatre ans après ce « renseignement en or », une version plus complète est arrivée sous le nom de « Muraille de Jéricho ».

Le commandant de la division a tenu des réunions d'urgence et défini une série de changements sur le terrain. L'officier du renseignement de la division a présenté le plan au chef du renseignement militaire et à plusieurs hauts responsables.

Le général a exigé de recevoir le tableau complet de la situation, mais le colonel L., alors proche de la fin de son mandat, n'a pas émis d'alerte.

Malgré cela, l'enquête de Tsahal l'a blanchi, et le mois prochain, il obtiendra le grade de général de brigade et sera nommé chef du renseignement militaire.

Le rapport pointe la responsabilité de la sectionde collecte du renseignement du secteur Sud dirigée par le lieutenant-colonel lors de l'attaque du Hamas et qui a échoué de manière flagrante dans sa mission de suivi de l'activité des organisations terroristes dans la Bande de Gaza.

Malgré sa part de responsabilité, il a été nommé, quelques mois après le massacre, officier du renseignement de la division de Judée-Samarie.

Cette section incluait le département d'alerte. Cependant, suite à une décision du chef d'état-major Aviv Kohavi et du chef du renseignement du Commandement de l'époque, Amit Saar, il avait été décidé quelques années avant le massacre de transférer ce département à la division de Gaza – où les moyens sont beaucoup plus limités.

Au niveau du commandement supérieur, on a compris qu'il s'agissait d'une erreur malheureuse. Quelques mois avant le massacre, la décision de réintégrer ce département au renseignement du Commandement avait été prise, mais elle n'a pas pu être mise en œuvre avant le 7 octobre.

Le renseignement du Commandement était chargé de suivre les bataillons No'hba « défensifs » : des milliers de combattants du Hamas, classés comme se préparant à une attaque de Tsahal – contrairement aux bataillons No'hba « offensifs », qui étaient sous la surveillance de la division.

Le Commandement Sud s'est concentré sur la surveillance des tirs de roquettes et a qualifié ces bataillons de « défensifs », sans les suivre. Rétrospectivement, cette distinction s'est révélée fictive.

Et concernant le document « Muraille de Jéricho » ? Au Commandement Sud, on l'a interprété comme un plan de développement des forces, sans inclure les bataillons défensifs parmi les effectifs susceptibles d'envahir la zone frontalière.

Le rapport publié par le Commandement Sud à la veille du 7 octobre 2023 établissait que le Hamas fonctionnait en mode routine normale.

Le document quotidien du renseignement du Commandement Sud, censé examiner le passage du Hamas de la routine à l'état d'urgence, était complètement « au vert ».

Conséquence : le document n'indiquait aucun changement dans le comportement du Hamas. En réalité, des dizaines de bataillons et de compagnies du Hamas se préparaient déjà à l'incursion.

Le rapport Turgeman souligne que les renseignements sur les plans d'incursion terrestre de l'organisation terroriste ont fait l'objet d'un profond mépris de la part du système de sécurité.

Le modèle d'alerte reposait principalement sur des signaux souterrains, quasi-inexistants. Les terroristes se sont organisés en surface, dans des maisons et des mosquées, et le modèle s'est révélé inefficace.

Les quelques signaux qui ont néanmoins été détectés ont été écartés par les officiers du renseignement – profondément ancrés dans leur vision erronée.

Réactions du porte-parole de Tsahal

Concernant le chef d'état-major Zamir : « Les informations du renseignement reçues en 2018 constituaient une directive pour la planification et ne reflétaient pas le plan d'action complet du Hamas. Selon le rapport de la commission Turgeman, la compréhension complète du plan 'Muraille de Jéricho' s'est formée après la fin du mandat de Zamir comme commandant du Commandement Sud, de sorte que l'affirmation selon laquelle le général Turgeman fait spécifiquement référence à Zamir n'est pas exacte. »

Concernant la nomination du chef du renseignement militaire : « Le document 'Muraille de Jéricho' a été reçu trois semaines avant la fin de son mandat comme officier du renseignement du Commandement Sud. Une vérification effectuée sur le sujet a établi qu'il avait agi de manière appropriée. Il avait été convenu avant la guerre que le chef de la section de collecte du renseignement du Commandement occuperait le poste d'officier du renseignement de la division de Judée-Samarie. »

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