Le vice-président de la Cour suprême, le juge Noam Solberg, a abordé ce mercredi, dans sa décision relative aux sanctions réclamées par les juges contre les orthodoxes qui ne s'enrôlent pas, la dimension halakhique de la conscription. Selon lui, la tradition juive ne s’oppose pas à la participation au service militaire. « Du point de vue même de la Torah, il n’existe aucun conflit : il s’agit des deux faces d’une même pièce – le devoir de l’individu envers son peuple, son pays et sa Torah », a affirmé le juge conservateur qui est lui-même religieux et vit en Judée-Samarie.
Dans le texte intégral de son jugement, Solberg rappelle que les juges sont constamment amenés à équilibrer des valeurs parfois contradictoires, un principe symbolisé par la balance de la justice. Les débats autour de la conscription, explique-t-il, relèvent du même type d’arbitrage : concilier la valeur de l’étude de la Torah et l’impératif de défendre l’État d’Israël dans une période marquée par de multiples « tribulations ».
La tradition halakhique citée pour rappeler l’obligation de défendre Israël
S’appuyant sur plusieurs sources, le juge souligne que la loi juive reconnaît l’obligation de participer à une « guerre de mitsva », c’est-à-dire une guerre défensive. Il cite notamment l’enseignement selon lequel « dans ce cas précis, tout le monde doit partir en guerre, même le jeune marié marié ». Selon cette tradition, les étudiants des yeshivas ne sont pas exempts de cette responsabilité, et « même les érudits doivent abandonner l'étude » lorsque la collectivité est menacée.
Noam Solberg invoque également des enseignements du rabbin Haïm de Brisk, rappelant que la vocation de l’étude n’exclut pas le devoir d’agir : « Celui qui ne sait pas quand fermer la Guemara ferait mieux de ne pas l’ouvrir », ou encore : « Celui qui ne ferme pas la Guemara lorsqu’une veuve frappe à sa porte est comme s’il la fermait déjà. »
Dans le même esprit, il évoque la célèbre anecdote attribuée au fondateur du mouvement Habad, le rabbin Shneor Zalman de Lyadi, qui enseignait qu’une étude qui n’entend pas les pleurs d’un enfant « est une étude défaillante ».
Étude de la Torah et service militaire : une complémentarité affirmée
Le juge précise toutefois que ses propos ne visent en aucun cas à diminuer l’importance de l’étude de la Torah, décrite comme « notre vie et la durée de nos jours ». Il rappelle que la tradition juive considère l’étude comme l’un des plus grands commandements, mais insiste sur une nuance essentielle : « Le Talmud est grand précisément parce qu’il conduit à l’action. »
Dans ce cadre, le juge Solberg envisage la possibilité que quelques érudits d’exception puissent être dispensés du service militaire. Mais il souligne clairement que cette exemption ne saurait être accordée à la majorité des étudiants, « de même que, dans le monde, mille hommes sont réunis pour une lecture, cent d'entre eux seront choisis pour une leçon, dix pour étudier le Talmud, et un seul pour enseigner » comme dit le Talmud.