Vie politique

Le saviez-vous ? Six ministères sont toujours sans ministres

Pas de ministre à la Santé, à l’Intérieur, au Travail, aux Affaires sociales, aux Affaires religieuses et Jérusalem et Patrimoine — un vide institutionnel qui provoque blocages, retards et dysfonctionnements, avec un impact direct sur la vie des Israéliens.

4 minutes
21 novembre 2025

ParNathalie Sosna Ofir

Le saviez-vous ? Six ministères sont toujours sans ministres
GPO

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Le feu vert donné par Benyamin Netanyahou pour reprendre les débats sur la loi de conscription permet aux élus de Shass de revenir dans les commissions parlementaires. Mais le cœur du problème demeure : depuis l’expiration du mandat des ministres intérimaires, il y a environ un mois, six portefeuilles clés fonctionnent uniquement grâce à leurs directeurs généraux, faute de ministre nommé. Une situation qui découle du refus des partis ultra-orthodoxes d’approuver des ministres permanents tant que la question de la loi sur la conscription n’est pas réglée. Dans ces ministères, décisions, décrets et nominations relevant strictement de l’autorité d’un ministre sont désormais impossibles. La procureure générale Gali Baharav-Miara a adressé une lettre ferme au Premier ministre, l’enjoignant de nommer sans délai des remplaçants. Elle y avertit que cette paralysie « porte gravement atteinte au fonctionnement du gouvernement et au public ».

Affaires religieuses : nominations bloquées et système sous tension

Sans ministre des Services religieux, les procédures de nomination de rabbins municipaux sont gelées dans des dizaines de villes. Dans certains cas, la cacherout locale dépend d’une autre municipalité, alourdissant des services déjà saturés. Les réformes internes du ministère, déjà entamées, sont elles aussi bloquées faute de ministre pour les présenter au gouvernement et dans les commissions.

Intérieur : des décisions urgentes gelées

La situation n’est guère meilleure au ministère de l’Intérieur. Depuis la démission de Moshe Arbel, remplacé un temps par Yariv Levin, certaines décisions nécessitant impérativement une signature ministérielle sont suspendues : expulsions administratives, dossiers de réfugiés, autorisations exceptionnelles ou encore nominations temporaires. Le ministère continue toutefois d’acheminer des fonds pour les populations déplacées du Sud, du Nord et de la guerre contre l’Iran, notamment après avoir transféré 260 millions de shekels aux municipalités sous Arbel — mais plusieurs procédures cruciales restent paralysées.

Santé : une vacance ministérielle aux conséquences potentiellement dramatiques

C’est probablement au ministère de la Santé que l’absence d’un ministre pèse le plus lourd. Depuis la démission d’Uriel Buso, Israël se retrouve sans ministre de la Santé en pleine période d’après-guerre et au moment où doivent être décidées des mesures vitales pour des centaines de milliers de citoyens. L’épisode le plus marquant est le retard pris dans la nomination du comité du panier de soins. Les décisions de ce comité influencent chaque année l’accès aux traitements les plus essentiels. Finalement, le gouvernement a dû nommer lui-même ses membres, dans une procédure exceptionnelle, à la veille de l’ouverture des travaux.La présidente du comité, la professeure Dina Ben-Yehuda, a rappelé en ouvrant les débats que la guerre terminée laisse place à une autre bataille : celle du traumatisme national, du besoin de soins psychologiques, du renforcement des hôpitaux, du manque de personnel et de l’anticipation des prochaines escalades sécuritaires.

Affaires sociales : des programmes en attente et un budget en danger

Le fonctionnement quotidien du ministère des Affaires sociales se poursuit, mais toutes les décisions nécessitant une validation gouvernementale sont bloquées. Ont ainsi été retardées : la nomination du directeur de l’Autorité de lutte contre la pauvreté, créée il y a six mois ; la nomination de la directrice du programme national « 360 » pour l’enfance en danger ; certains mandats essentiels pour les travailleurs sociaux, qui exigent la signature personnelle d’un ministre. Le risque le plus préoccupant concerne toutefois le budget. À l’approche des discussions, l’absence d’un ministre pour défendre les crédits sociaux — environ un milliard de shekels annuels — pourrait provoquer une baisse significative. « Parfois, le dernier million est celui qui fait basculer une réforme », explique une source du secteur.

Des commissions parlementaires à l’arrêt

Le blocage ne touche pas seulement les ministères : il paralyse aussi les commissions de la Knesset, incapables de se réunir en l’absence de leurs présidents issus de Shass. A l'Éducation : 28 propositions de loi en attente Depuis la démission du président de la commission, Yossi Taieb, les dossiers s’accumulent. Des enjeux graves, tels que l’effondrement d’une structure d’un jardin d’enfants à Beit Shemesh et des défaillances dans l’enseignement spécial, n’ont ainsi jamais été débattus.

La commission de la Santé, présidée jusqu’ici par le député Yonatan Mizrahi, ne se réunit plus alors même qu’une épidémie de rougeole progresse, notamment dans certains groupes de la société ultra-orthodoxe. Le député Moshé Tur-Paz de Yesh Atid dénonce « un dysfonctionnement prolongé qui illustre comment le gouvernement Netanyahu piétine le Parlement. Les perdants, comme toujours, sont les citoyens d’Israël ».

Certains ministères continuent tant bien que mal de fonctionner grâce à leurs directeurs généraux, mais les limites sont évidentes. Sans ministres : aucune réforme d’envergure ne peut être validée, aucune nomination n’est possible, aucune décision politique cruciale n’est prise.

En filigrane, une question s’impose : combien de temps Israël peut-il fonctionner avec six ministères clés laissés sans pilote après plus de deux ans de guerre ?