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L’ambassadeur de Chypre : « Les critiques envers Israël sont immenses, mais ici seulement on comprend la réalité du pays »

Lors de la conférence Globes Israel Business Conference, Cornélios Cornéliou a rappelé à quel point son pays est un ami fidèle d’Israël et souligné que les relations économiques entre les deux pays sont encore loin d’avoir atteint leur plein potentiel.

4 minutes
23 novembre 2025

ParNathalie Sosna Ofir

L’ambassadeur de Chypre : « Les critiques envers Israël sont immenses, mais ici seulement on comprend la réalité du pays »
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Cornéliou a rappelé que les relations économiques entre les deux pays restaient loin d’avoir atteint leur plein potentiel. Selon lui, il ne s’agit pas seulement de tourisme et d’immobilier, mais aussi de high-tech et d’énergie, des secteurs dans lesquels Chypre souhaite renforcer sa coopération avec Israël. Un chiffre a été évoqué : les exportations israéliennes vers Chypre ont été divisées par deux depuis le début de l’année, ce que l’ambassadeur relativise en affirmant que ce niveau reste positif et que d’autres domaines économiques progressent. Il indique également que l’ambassade travaille à diversifier et élargir les partenariats.

Interrogé sur l’absence d’accord fiscal de non-double imposition entre Israël et Chypre, alors qu’Israël en possède avec 26 pays de l’Union européenne, il répond qu’il faut poser la question au ministre des Finances israélien. Il évoque la crainte possible d’une délocalisation d’entreprises israéliennes vers Chypre, mais se dit confiant dans la capacité à créer un cadre juridique adapté. Chypre, rappelle-t-il, est membre de l’Union européenne et peut servir de passerelle pour Israël vers l’UE. Il souligne aussi que son pays est l’un des rares membres de l’Union à accueillir des ambassades de tous les États du Golfe.

Concernant le gisement gazier Aphrodite, situé à 90 % dans les eaux chypriotes et à 10 % dans les eaux israéliennes, Cornéliou explique que la découverte remonte à 2011 et que d’autres champs ont depuis été trouvés, comme en Israël. Il affirme que les gouvernements des deux pays encouragent le consortium à finaliser l’accord qui se trouve actuellement sur la table.

À propos du tourisme, il rappelle son importance stratégique : il s’agit du deuxième marché pour Chypre après le Royaume-Uni, avec plus de 100 vols hebdomadaires entre les deux pays et jusqu’à 196 vols par semaine en été, y compris depuis Haïfa. Environ un demi-million d’Israéliens visitent Chypre chaque année. « Le ciel est la limite », résume-t-il, en ajoutant avec humour que des amis israéliens lui demandent souvent des recommandations pour visiter Chypre « sans trop d’Israéliens autour », alors que l’hébreu se fait entendre partout et que certains hôtels sont même casher.

Revenant sur le transfert des avions israéliens vers Chypre avant l’escalade avec l’Iran, il affirme que Chypre est « une amie fidèle d’Israël » et que, lorsqu’une demande d’assistance a été formulée par le gouvernement israélien, son pays y a immédiatement répondu. Il insiste sur la qualité de la coopération entre les deux gouvernements et l’existence de relations personnelles directes.

Cornéliou évoque également les projets tripartites associant Israël, la Grèce et Chypre. Nombre d’entre eux ont été retardés par la pandémie, la guerre en Ukraine puis la guerre à Gaza, mais aucun n’a été abandonné. Il rappelle par ailleurs que Chypre soutient la « feuille de route en 20 points » de l’administration Trump et que trois représentants chypriotes siègent au centre de coordination de Kiryat Gat. Interrogé sur l’après-guerre à Gaza, il explique que Chypre contribue déjà, notamment via un corridor maritime d’aide humanitaire depuis le port d’Ashdod, et se dit prête à participer à la reconstruction si cela est demandé.

À deux ans de la fin de son mandat, l’ambassadeur confie vouloir « la paix », profiter d’un pays qu’il juge beau et chaleureux, et surtout renforcer encore davantage les relations bilatérales. « Le potentiel est immense, dit-il. Nous pouvons apprendre de vous et vous pouvez apprendre de nous. N’oubliez pas que vous avez des amis dans l’Union européenne ; il est important de ne pas fermer cette porte. » Il conclut en adressant un message aux Israéliens et au monde des affaires : « Dès mon arrivée, j’ai senti la chaleur des Israéliens. Nous voulons renforcer les liens. Dans l’intérêt de nos deux pays, il faut une coopération solide. »

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