Le Premier ministre Benyamin Netanyahou a poursuivi ce matin, lundi; sa déposition devant le tribunal de district de Tel-Aviv dans l’affaire 4000, l’un des volets les plus sensibles du procès ouvert en 2020. Au cœur des interrogatoires : sa relation avec l’homme d’affaires Shaul Elovitch, patron de Bezeq, et les pressions présumées exercées sur le site d’information Walla, dont il était le propriétaire, pour obtenir une couverture plus favorable pour lui et sa famille.:
Interrogé par la procureure Yehudit Tirosh, Netanyahou a reconnu avoir sollicité à plusieurs reprises des modifications d’articles ou de titres, tout en minimisant l’importance de ces interventions. « Sur quatre ans, j’ai adressé seulement 17 demandes personnelles. C’est insignifiant », a-t-il confié", expliquant qu’il cherchait surtout à promouvoir un paysage médiatique “plus diversifié”, pas à obtenir des faveurs ponctuelles.
L’audience n’a duré qu’une heure, Netanyahou ayant averti la veille qu’il devait assister à une réunion diplomatique de dernière minute. Les juges ont accepté d’ajuster le calendrier. Malgré cette courte séance, la procureure a tenté de pousser le Premier ministre dans ses retranchements, en l’interrogeant sur les contradictions perçues entre ses déclarations et ses actions. Elle lui a notamment demandé pourquoi, s’il souhaitait influencer la ligne éditoriale générale de Walla, il était intervenu sur des sujets spécifiques. Le Premier ministre a répondu qu’il n’avait “jamais renoncé à de simples conversations de routine avec des journalistes”, mais que ses échanges avec Elovitch avaient été limités et, selon lui, “largement inefficaces”.
La thèse du parquet demeure inchangée : Netanyahou aurait accordé d’importants avantages réglementaires à Bezeq en échange d’une couverture positive sur Walla. La procureure affirme que le Premier ministre “a cherché et obtenu une couverture systématiquement favorable”, bien au-delà de quelques corrections de titres ou de photos. Cette ligne d’accusation s’appuie sur la comparaison avec d’autres liens médiatiques, notamment ceux avec le quotidien Israel Hayom. Tirosh a rappelé que Netanyahou avait admis avoir formulé des demandes spécifiques auprès du propriétaire du journal, Sheldon Adelson, et de son ancien rédacteur en chef, Amos Regev.
À la barre, Netanyahou a défendu une vision différente : selon lui, Israel Hayom était “faible”, “pâle”, et manquait d’impact. Il explique avoir encouragé Adelson à renforcer le journal, et même à racheter des médias plus petits afin de bâtir un paysage médiatique conservateur capable de rivaliser avec la gauche. La procureure lui a alors suggéré que son objectif n’était pas une “diversité idéologique”, mais un meilleur alignement de la presse avec ses propres intérêts politiques. Le Premier ministre n’a pas directement contredit cette interprétation, préférant présenter ses démarches comme une tentative de “révolution fonctionnelle” de la droite médiatique.
Cette audience, bien que courte, s’inscrit dans une stratégie du parquet visant à démontrer un schéma : Netanyahou aurait cherché à influencer plusieurs médias, ce qui renforcerait l’idée d’un comportement systématique — et donc l’accusation de corruption dans l’affaire Walla-Bezeq. Le procès reprendra dans les prochains jours.