Le décret se concentre sur les branches du mouvement au Liban, en Jordanie et en Égypte, et ordonne à l’administration d’agir pour leur retirer des ressources et saper leurs capacités opérationnelles. Selon la Maison-Blanche, la mesure est prise face à « une menace directe contre les citoyens américains, les intérêts des États-Unis et la sécurité des alliés de Washington dans la région ».
Toutefois...le texte ne mentionne pas les branches des Frères musulmans au Qatar et en Turquie.
Dans ses justifications, l’administration détaille l’implication des différentes branches du mouvement dans des actes violents depuis le déclenchement de la guerre dans la bande de Gaza, le 7 octobre 2023 :
• Liban : la branche locale, via son aile militaire, aurait coopéré avec le Hamas, le Hezbollah et d’autres factions palestiniennes dans des tirs de roquettes vers des cibles civiles et militaires en Israël.
• Jordanie : des cadres éminents des Frères musulmans dans le royaume sont accusés d’avoir fourni, sur une longue période, une « aide matérielle » à l’aile militaire du Hamas.
• Égypte : un haut responsable de la branche égyptienne aurait appelé, dès le 7 octobre, à mener des attaques violentes contre les partenaires et les intérêts américains.
Trump écrit dans le décret que « ces activités menacent la sécurité des citoyens américains au Levant et dans d’autres parties du Moyen-Orient, ainsi que la sécurité et la stabilité de nos partenaires régionaux ».
Le décret fixe un calendrier strict pour la mise en œuvre de la politique : sous 30 jours, le secrétaire d’État et le secrétaire au Trésor, en consultation avec le procureur général et le directeur du renseignement national, doivent remettre au président un rapport conjoint sur le classement des branches du Liban, de la Jordanie et de l’Égypte comme organisations terroristes. Dans les 45 jours suivant la remise du rapport, les deux ministres devront prendre les mesures nécessaires pour imposer les sanctions et finaliser la procédure de désignation officielle.Sur le plan pratique, le décret active les pouvoirs prévus par la loi sur l’immigratio n et la nationalité et par l’International Emergency Economic Powers Act, permettant à l’administration de geler des avoirs, d’interdire l’entrée de militants et de couper les sources de financement de ces branches dans le monde.
Après la publication du décret, on pouvait lire sur le compte X de la Maison-Blanche : « Le président Trump renforce la sécurité des États-Unis en confrontant le réseau transfrontalier des Frères musulmans, qui alimente le terrorisme et mène des campagnes de déstabilisation contre les intérêts américains et ceux de ses alliés au Moyen-Orient. »
La journaliste d’investigation américano-juive Laura Loomer, soutien affiché de Trump et militante de longue date pour la désignation des Frères musulmans comme organisation terroriste, s’est dite déçue par le contenu du décret. : « Les Frères musulmans n’ont pas été désignés aujourd’hui comme organisation terroriste étrangère, contrairement à ce qu’ont affirmé plusieurs informations […] J’ai lu tout le décret, et il est clair que les Frères musulmans en tant que mouvement n’ont pas été classés organisation terroriste étrangère. »
Elle ajoute : « Une procédure d’examen sur 75 jours n’équivaut pas à une désignation. Le décret ne fait qu’ouvrir une revue au terme de laquelle le secrétaire d’État et le secrétaire au Trésor décideront si, et comment, classer ces branches. Ce n’est pas une désignation immédiate. »
Et précise encore : « J’ai toujours soutenu le président et je continuerai à le soutenir. J’espère que nous aurons bientôt des réponses. C’est très frustrant, pour le dire gentiment. C’est une nouvelle preuve de l’influence massive du Qatar et des Frères musulmans sur notre pays. C’est triste. J’espérais me réjouir — puis j’ai lu le décret dix fois. »
Il est vrai que la décision signée par le président Trump est dépourvue de réelle portée car elle n’inclut pas les Frères musulmans du Qatar, de Turquie ou de Syrie — considérés comme les branches les plus agressives — et se limite au Liban, ainsi qu'à la Jordanie et l’Égypte où le mouvement est déjà interdit ou déclaré hors-la-loi. En fait, il semble que le projet initial d’une désignation globale des Frères musulmans comme organisation terroriste aurait été abandonné à la demande du Qatar, principal financer du mouvement, et que le Qatar et la Turquie ont réussi à faire pression sur l’administration Trump pour protéger leurs intérêts.