Selon ces sources, un document a été présenté à la direction politique et au Conseil de la Choura. Il propose une « conception stratégique » visant à examiner la possibilité de créer un parti politique civil, sur le modèle d’autres mouvements islamistes nationalistes de la région.
Le texte suggère qu’un tel parti présenterait le Hamas comme un acteur capable d’assumer un rôle politique, économique et social, au-delà de sa dimension militaire. Son objectif principal : ouvrir des canaux diplomatiques avec les États arabes, les pays musulmans et des acteurs internationaux, afin de repositionner le Hamas comme force politique incontournable, et non uniquement comme une organisation armée.
Un haut responsable du Hamas à l’étranger, impliqué dans la rédaction du document, a affirmé au journal que cette initiative ne découle ni d’une crainte d’un désarmement imposé ni de pressions extérieures. Selon lui, la proposition est née après une stabilisation interne relative faisant suite à l’accord de cessez-le-feu. Le projet « ne traite pas en priorité de la question de la lutte armée », a-t-il ajouté, mais vise à adapter l’organisation aux mutations régionales et à préserver son statut de force palestinienne centrale.
Réaction israélienne : un « exercice de communication » sans valeur réelle
Des sources sécuritaires en Israël confirment l’existence du document, tout en soulignant qu’il s’agit d’un artifice médiatique. D’après elles, le Hamas n’a aucune intention réelle d’abandonner ses armes.
Elles rappellent que ce n’est pas la première fois que l’organisation laisse entendre une telle possibilité, sans jamais aller au-delà du discours.
Ces responsables estiment que le Hamas cherche surtout à modifier sa perception extérieure, à un moment où son image est au plus bas dans le monde arabe et en Occident après le massacre du 7 octobre et la guerre prolongée.
Présenter des « idées politiques » permet au mouvement d’essayer de se faire reconnaître comme acteur politique légitime et pas seulement comme force armée — suivant le modèle du Hezbollah, qui combine présence institutionnelle et puissance militaire.
Selon les mêmes sources, l’objectif est clair : envoyer un signal aux États arabes qui conditionnent la reconstruction de Gaza au désarmement du Hamas. En laissant entendre qu’il « réfléchit » à un repositionnement politique ou à une réduction de ses activités armées, le mouvement tente de rester dans le jeu en prévision d’un futur gouvernement palestinien à Gaza, où il espère conserver une influence.
Contexte et expertise
Yoni Ben Menachem, analyste du Magazine Epoch pour le Moyen-Orient, rappelle que ces manœuvres correspondent à la stratégie habituelle du Hamas lorsqu’il cherche à briser son isolement. Expert reconnu des dynamiques arabes et israéliennes, arabophone et ancien directeur de l’Autorité israélienne de radiodiffusion, il souligne que le mouvement tente, une fois encore, de se repositionner politiquement sans renoncer à ses fondements idéologiques ni à son arsenal.