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Affaire Sdé Teman: l'ONU s'inquiète du sort de l'ex procureure militaire

Le comité de l'ONU contre la torture s'intéresse à l'affaire Sdé Teman.

4 minutes
3 décembre 2025

ParGuitel Benishay

Affaire Sdé Teman: l'ONU s'inquiète du sort de l'ex procureure militaire
Photo by Flash90

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L'affaire Sdé Teman n'a pas fini d'avoir des retentissements anti-israéliens dans le monde. Après avoir déclenché une vague de propagande antisémite, la fausse accusation de viol à l'encontre de soldats de Tsahal, relayée par le Parquet militaire israélien, arrive maintenant à l'ONU.

Rappel des faits: le Parquet militaire, avec à sa tête la procureure militaire en chef, la générale Tomer Yifat Yeroushalmi, a accusé plusieurs soldats de la Force 100 d'avoir maltraité et violé un terroriste de Gaza détenu dans le camp de Sdé Teman. Afin d'asseoir son accusation, Tomer Yeroushalmi a fait fuiter dans la presse une vidéo censée montrer l'incident. Or rien n'est visible de manière univoque sur ces images. D'ailleurs la justice n'a pas retenu le chef d'accusation de ''viol'' contre les soldats de la Force 100, tout au plus un usage abusif de la force devait être examiné avant que l'affaire ne soit abandonnée.

Après avoir reconnu être à l'origine de la fuite de cette pièce à conviction confidentielle et avoir menti à la Cour suprême, la procureure militaire en chef a été déchue de ses fonctions et mise en examen. Suite à deux tentatives de suicide, elle est hospitalisée depuis plus de trois semaines à l'hôpital Ichilov où elle ne se trouve plus sous surveillance policière.

Les accusations portées contre les soldats, bien que démenties par la justice, ont gravement nui à l'image des soldats dans le monde et désormais donc l'ONU a décidé de prendre la défense de l'ex procureure estimant qu'elle est en danger pour avoir lancé une alerte concernant des actes de torture. Selon les informations obtenues par Ynet, le Comité contre la torture de l'ONU s'est déclaré préoccupé par l'arrestation d'Yifat Tomer Yeroushalmi et a exigé d'Israël des informations actualisées sur l'enquête la concernant. Le Comité a également appelé l'État hébreu à « établir un mécanisme garantissant la possibilité de fournir des informations fiables sur la torture et les mauvais traitements sans risque de représailles ou de poursuites ».

En novembre dernier, une délégation du ministère israélien de la Justice, dirigée par le directeur général Itamar Donenfeld, a comparu devant le Comité contre la torture. Les membres de la délégation ont été surpris lorsque, au cours des débats, les membres du Comité se sont intéressés à l'enquête visant l'ancienne responsable militaire. Pour l'ONU elle est accusée d'avoir révélé des cas de mauvais traitements infligés à des prisonniers palestiniens alors même que ce n'est pas du tout ce qui lui est reproché par la justice israélienne.

Dans sa décision, le Comité onusien a exprimé sa préoccupation : « Le Comité est inquiet de l'arrestation de la générale Tomer-Yeroushalmi en novembre 2025 pour avoir prétendument autorisé la transmission d'extraits vidéo à des médias, montrant apparemment l'agression d'un détenu palestinien par des militaires israéliens au centre de détention de Sde Teman. »

Le Comité a demandé à Israël de fournir des informations détaillées sur la situation de l'ancienne responsable et sur toute procédure judiciaire ou disciplinaire la concernant, recommandant la mise en place d'un mécanisme de protection des lanceurs d'alerte.

Le document critique également la détérioration des conditions de détention des prisonniers palestiniens, qu'il attribue en partie aux politiques du ministre de la Sécurité nationale Itamar Ben Gvir.

Par ailleurs, le rapport aborde la politique israélienne de détention administrative à l'égard des Palestiniens, qualifiée d'« usage extensif et sans précédent », ainsi que la décision du ministre de la Défense Israël Katz d'exempter les citoyens israéliens de Judée-Samarie de cette mesure.

Le comité contre la torture de l'ONU conclut en condamnant « sans équivoque » l'attaque du Hamas et d'autres groupes armés du 7 octobre et en exprimant ses condoléances aux victimes, mais ajoute une critique de ce qu'il qualifie de « disproportion dans la réponse » israélienne, ayant selon lui « conduit à une perte de vies humaines considérable et à une profonde souffrance du peuple palestinien ».

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