L'université Harvard a annoncé ce week-end un changement de direction inattendu au Centre pour la santé et les droits humains de son École de santé publique, sur fond d'accusations d'antisémitisme et de biais anti-israélien. La docteure Mary Bassett, qui dirigeait le centre depuis sept ans, quittera ses fonctions.
Le centre a récemment fait l'objet de vives critiques après la publication au printemps d'un rapport du groupe de travail de Harvard sur l'antisémitisme et les préjugés anti-israéliens. Selon ce document, le contenu pédagogique et les conférences du centre étaient largement axés sur les Palestiniens, et presque aucune perspective israélienne n'était présentée, à l'exception de celles des critiques les plus virulents de l'État juif.
Bien que la doyenne ait salué les activités du centre durant le mandat de la Dre Bassett, elle n'a fourni aucune explication publique quant à son éviction. Cette décision a immédiatement suscité une levée de boucliers sur le campus. En quelques jours, une pétition demandant la réintégration de la Dre Bassett a recueilli plus de 1 500 signatures. Les signataires affirment que son éviction envoie un "signal décourageant pour la recherche essentielle sur la justice raciale et la Palestine".
La direction de la section de Harvard de l'Association américaine des professeurs d'université (AAUP) a également vivement critiqué cette décision, affirmant qu'elle s'inscrit dans un contexte plus large de violations de la liberté académique. Dans un communiqué publié par son comité exécutif, elle a rappelé le remplacement de la direction du Centre d'études du Moyen-Orient en mars dernier, ainsi que d'autres changements présentés comme ayant été opérés sous la pression de groupes extérieurs.
L'administration Trump monte au créneau
Le centre est devenu une cible directe de l'administration Trump cette année. En avril, la Maison-Blanche a adressé un courrier à l'administration de Harvard exigeant la nomination d'un organisme extérieur pour mener un audit du centre et d'autres programmes afin d'y identifier toute manifestation d'antisémitisme. Cette demande s'inscrivait dans une liste plus large de mesures comprenant des modifications des politiques d'admission et de recrutement, la suppression des programmes de diversité et d'inclusion, et une réforme des politiques disciplinaires applicables aux étudiants.
Harvard a rejeté ces demandes et a intenté une action en justice contre l'administration. Néanmoins, des contacts ont été maintenus ces derniers mois entre les deux parties afin de tenter de parvenir à un accord, dans un contexte de sanctions financières et de procédures judiciaires en cours.