Le Premier ministre Benyamin Netanyahu a rencontré aujourd’hui à Jérusalem, Tom Barrack, ambassadeur des États-Unis en Turquie et envoyé spécial américain pour la Syrie. La réunion s’est tenue dans le contexte des développements sur le front nord et de l’effort américain visant à accroître la coordination avec Israël sur une série de questions régionales sensibles, au premier rang desquelles la scène syrienne et ses conséquences pour les frontières d’Israël et pour sa marge de manœuvre sécuritaire.

Selon des sources diplomatiques, les discussions ont principalement porté sur la scène syrienne, y compris la nécessité de clarifier les positions et de préserver des mécanismes de coordination afin d’éviter une escalade non intentionnelle. En Israël, on souligne ces dernières semaines que tout changement sur le terrain – qu’il s’agisse de déploiements de forces ou d’activités de groupes armés – exige des canaux de dialogue et de coordination actifs avec Washington, afin d’éviter une « pente glissante » vers l’escalade.

Un responsable politique a indiqué qu’Israël avait présenté lors de la réunion une série de principes qu’il considère comme cruciaux pour sa sécurité : empêcher l’implantation d’éléments terroristes à proximité de la frontière, préserver la liberté d’action face à des menaces émergentes et la nécessité de définir clairement des « lignes rouges » que l’État hébreu ne pourra pas accepter. De leur côté, selon des sources proches du dossier, les Américains ont exposé leur conception de la stabilité régionale et souligné l’importance d’éviter des initiatives susceptibles d’embraser un affrontement plus large – en particulier à un moment où plusieurs théâtres sont simultanément sous tension.

En coulisses, la tenue même de la rencontre est également devenue aujourd’hui un sujet interne. Netanyahu avait demandé plus tôt de raccourcir l’audience au cours de laquelle il témoignait devant le tribunal, arguant que son agenda comprenait des réunions diplomatiques urgentes fixées de longue date. Au cours de l’audience, il a déclaré qu’il s’agissait d’un sujet « très important » et a précisé qu’il ne pouvait pas détailler l’ensemble de son emploi du temps dans la salle d’audience. La séance a effectivement été écourtée, et Netanyahu s’est rendu à Jérusalem pour tenir les réunions prévues.

Au sein du système politico-diplomatique, on estime que l’arrivée de Barrack et sa rencontre avec le Premier ministre visaient aussi à envoyer un message de continuité et de coordination entre Washington et Jérusalem, à une période où tout incident sur le front nord peut rapidement dégénérer en crise d’ampleur. « Quand la région est sensible, les canaux de coordination ne sont pas un luxe, mais un outil de travail indispensable », a déclaré une source au fait des détails de la visite.

La rencontre avec Barrack a ainsi reflété deux intérêts parallèles : Israël cherche à préserver sa liberté d’action et à clarifier ses paramètres sécuritaires, tandis que les États-Unis entendent réduire les frictions et prévenir toute dérive dans des arènes où la moindre erreur peut enflammer plusieurs fronts. Les communiqués officiels ont été brefs, mais à Jérusalem comme à Washington, le message est compris : il ne s’agissait pas d’une réunion protocolaire, mais d’un maillon supplémentaire dans une série de coordinations destinées à influencer la situation régionale dès les prochaines semaines, notamment en amont de la rencontre Netanyahu–Trump prévue à la fin du mois à Miami.