Israël

Eli Feldstein: des révélations et confidences qui font l'effet d'un séisme

Des révélations au sujet du principal suspect dans les affaires dites de la fuite au Bild et du Qatargate font trembler le cabinet du Premier ministre.

6 minutes
23 décembre 2025

ParGuitel Benishay

Eli Feldstein: des révélations et confidences qui font l'effet d'un séisme
Eli Feldstein. Photo by Avshalom Sassoni/Flash90

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Un reportage et une interview font l'effet d'un séisme dans le monde politique israélien ces derniers jours.

Eli Feldstein, ancien porte-parole militaire de Binyamin Netanyahou, est au coeur de ces révélations qui provoquent des secousses importantes jusqu'au Premier ministre, lui-même.

Feldstein et le Qatar

Dans un reportage diffusé sur i24 NEWS en hébreu, le journaliste Avishai Grinzaig révèle le mécanisme mis en place par Eli Feldstein et Israël Einhorn, conseiller en communication, en 2024, en pleine guerre pour promouvoir l'image du Qatar en Israël.

Eli Feldstein travaille alors en tant que conseiller externe au sein du cabinet du Premier ministre Netanyahou.

Dans de nombreux échanges écrits diffusés sur i24 NEWS, on peut voir comment Feldstein et Einhorn ont jour après jour élaboré des messages à destination de la presse israélienne afin de mettre en avant le Qatar au détriment de l'Egypte. A cette époque, des négociations sont en cours pour obtenir la libération des femmes encore otages et des personnes en situation d'urgence humanitaire.

Feldstein et Einhorn vont s'employer à rédiger des communiqués, parfois basés sur des rencontres et des déclarations d'officiels qui n'ont jamais existé, afin de distiller dans la presse israélienne que le Qatar est l'acteur le plus positif dans les négociations, l'Egypte est l'obstacle et les ministres israéliens qui critiquent Doha ne font que retarder l'obtention d'un accord. Un autre message était de convaincre l'opinion que le Qatar devait gérer la Bande de Gaza le jour d'après.

De leur côté les journalistes israéliens contactés par Feldstein pour publier ces ''communiqués'' se sont laissés tromper, ont coopéré sans vérifier leur source et en répétant mot pour mot les messages pro-Qatar.

Pour ce travail, Eli Feldstein aurait été payé par le Qatar via un homme d'affaires israélo-américain, Jay Footlik.

Toute la question est de savoir si le cabinet du Premier ministre au sein duquel Feldstein travaillait était au courant des liens entre Feldstein et le Qatar. L'affaire est d'autant plus sensible que Feldstein, bien que ne disposant pas des autorisations sécuritaires nécessaires pour avoir accès aux documents et aux réunions confidentielles aurait été aperçu et a été pris en photo près de Netanyahou dans des situations et des lieux hautement sensibles pour la sécurité d'Israël.

Yonatan Urich, le plus proche conseiller de Binyamin Netanyahou, a formellement rejeté toute complicité du Premier ministre dans ce mécanisme de propagande pro-Qatar: ''Si moi ou quiconque dans l'entourage du Premier ministre avaient su que Feldstein faisait la propagande du Qatar tout en trompant des journalistes, il aurait été mis dehors avec un coup de pied'', affirme-t-il.

Le Premier ministre lui-même a évoqué l'affaire hier soir (lundi) en refusant de rentrer dans les détails mais en insistant sur le fait que son proche collaborateur Urich n'était en aucun cas impliqué, signifiant que son cabinet n'était pas au courant des agissements de Feldstein.

Feldstein et le Bild

Hier soir (lundi), Eli Feldstein a accordé une interview à la chaine israélienne Kan, dans laquelle, il est revenu sur la fuite des documents confidentiels au journal allemand Bild.

Il a expliqué avoir été prévenu par Tsahi Braverman, chef de cabinet de Netanyahou, qu'une enquête était en cours et qu'elle pourrait le concerner. ''Il m'a appelé en pleine nuit, m'a demandé de venir à la Kirya. Dans un parking souterrain, il m'a informé de l'enquête en cours'', affirme Feldstein en rajoutant que Braverman lui aurait assuré pouvoir faire en sorte que l'enquête soit enterrée.

Par ailleurs, Feldstein décrit dans cette interview comment il a été appelé à travailler pour le Premier ministre dès les premiers jours de la guerre. Comme il a échoué à obtenir une habilitation pour avoir accès aux documents et réunions confidentiels, il a été embauché comme consultant extérieur. Sa première mission, selon ses dires, a été de faire en sorte que la presse cesse de parler de la responsabilité du Premier ministre dans l'attaque du 7 octobre. ''Netanyahou était affolé et préoccupé'', déclare-t-il, ''Il fallait que je fasse en sorte que cesse toute discussion autour de la responsabilité du Premier ministre''.

Réactions

Cette série de révélations a suscité des réactions des principaux protagonistes montrés du doigt par Feldstein.

Le bureau du Premier ministre a répondu à l'interview de Feldstein en déclarant : "Il s'agit d'un tissu d'allégations mensongères et recyclées, toutes fondées sur le témoignage d'une personne ayant des intérêts personnels évidents, qui tente de détourner sa propre responsabilité par la diffamation systématique du Premier ministre et de son entourage. Le Premier ministre n'a jamais donné d'instruction pour divulguer des informations classifiées à Feldstein - ni de manière directe ni de manière indirecte. Il n'a pas autorisé de contournement de la censure, n'a pas géré ni connu de mécanisme externe de paiement de salaires, et n'a été impliqué dans aucune démarche illégale. Le contenu des conversations avec Feldstein attribuées au Premier ministre est totalement inventé. Le Premier ministre rejette toute tentative de lui attribuer des motivations étrangères, des considérations inappropriées ou des actions illégales. Concernant Yonathan Urich : le tribunal a déjà établi que le 'Qatarfake' est une affabulation sans aucune infraction et il s'est avéré qu'elle a été inventée et a servi à la diffamation personnelle et politique. Après des mois de persécution du parquet et du Shin Bet contre Feldstein, il n'est pas surprenant qu'il soit prêt à dire tout ce que la gauche désire, y compris de formuler de fausses accusations contre le Premier ministre."

Le chef de cabinet Tzahi Braverman a déclaré : "Feldstein ment et invente des histoires qui n'ont jamais existé. L'affirmation de Feldstein selon laquelle le chef de cabinet aurait proposé d'intervenir ou d'influencer l'enquête est une autre de ses inventions mensongères. Le chef de cabinet n'a pas, et ne peut avoir d'influence sur les enquêtes en cours. Il a été proposé à Feldstein de servir comme porte-parole. À cette fin, il a été envoyé pour une vérification d'habilitation de sécurité qu'il a ratée et sa candidature a été immédiatement rejetée."

Israël Einhorn a répondu par l'intermédiaire de son avocat : "Mon client rejette catégoriquement les mensonges émanant des propos d'Eli Feldstein. Srulik Einhorn et Eli Feldstein ont travaillé avec Jay Footlik pour une campagne d'information du Qatar en Israël. Les allégations concernant des arrangements de paiement, des factures ou une médiation pour un emploi au bureau du Premier ministre sont mensongères. Feldstein a agi en tant que conseiller indépendant avec facturation."

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