À 47 ans, Henrik Lenkeit, conseiller conjugal et prêtre allemand installé en Espagne, a fait en 2024 une découverte qui a bouleversé son existence : son grand-père biologique n'était autre qu'Heinrich Himmler, bras droit d'Hitler et principal architecte de la Solution finale.
Une découverte fortuite sur Internet
L'homme a relaté son histoire à la chaîne britannique Sky News. Tout a commencé un après-midi d'été ordinaire. Lenkeit, installé près de Malaga avec sa femme mexicaine et leurs trois enfants, regardait un documentaire en ligne sur les nazis. Intrigué, il a poursuivi ses recherches sur Internet. C'est alors que sur un site web, il est tombé sur une photographie de sa grand-mère maternelle, Hedwig Potthast, accompagnée d'une légende glaçante : "La maîtresse d'Himmler".
Sous le choc, il a poursuivi ses recherches pendant plusieurs mois, consultant notamment des documents et des actes de naissance. Il a finalement découvert qu'Himmler avait formellement reconnu être le père biologique de sa mère, Nanette-Dorothea, sur son certificat de naissance en 1944.
"Comment réagit-on face à la certitude d'être apparenté à l'un des plus grands criminels de l'histoire ?" lui a demandé le journaliste de Sky News lors de leur rencontre à Berlin. "On ne réagit pas", a répondu Henrik Lenkeit.
Cette révélation a plongé Henrik Lenkeit dans une crise existentielle profonde. "Qui suis-je ? Qui étais-je ? Pourquoi ne m'a-t-on rien dit pendant 47 ans ? J'avais le sentiment que ma vie entière avait été un mensonge", a-t-il confié. Sa mère, décédée en 2019, n'avait jamais évoqué cette filiation. Henrik Lenkeit avait grandi en croyant que Hans Staeck, l'homme que sa grand-mère avait épousé en 1955, était son grand-père biologique.
Il pense aujourd'hui que ses parents ont gardé le secret pour le protéger, mais cette découverte tardive l'a plongé dans un processus de deuil intense. "C'est un deuil, avec tous les sentiments de colère, de tristesse, de dépression et de peur que cela implique", explique-t-il au Telegraph.
Une grand-mère complice
Hedwig Potthast, que le jeune Henrik appelait affectueusement "Mutti" (maman), était une femme chaleureuse qui lui donnait des chocolats lors de ses visites d'enfance. Mais les recherches de de ce dernier ont révélé une tout autre réalité. Son aïeule avait travaillé comme secrétaire particulière d'Himmler au quartier général de la Gestapo à Berlin, où leur relation avait débuté en 1938.
"Elle était une personne aimable", se souvient Henrik Lenkeit. "Je n'aurais jamais imaginé qu'elle puisse être la maîtresse d'un meurtrier de masse. Apprendre cela a bien sûr été un choc."
Henrik Lenkeit ne croit pas à l'innocence de sa grand-mère. "Elle savait. Je pense qu'elle savait tout", affirme-t-il, écartant toute idée qu'elle aurait pu être une jeune femme naïve ignorant les horreurs commises par son amant. Selon certaines sources, elle aurait même encouragé Himmler à accélérer la mise en œuvre de la Solution finale. Des lettres entre les deux amants révèlent qu'Himmler l'appelait affectueusement "Bunny" (Lapinou).
Hedwig Potthast a donné naissance à deux enfants d'Himmler pendant la guerre : Helge en 1942 et Nanette-Dorothea, la mère de Lenkeit, en 1944. Malgré son rôle aux côtés du chef de la SS, elle n'a jamais été jugée pour ses actes. Certains historiens spéculent qu'elle aurait pu négocier un accord avec la CIA pour éviter des poursuites.
Le poids d'un héritage maudit
Heinrich Himmler, chef de la SS, de la Gestapo et ministre de l'Intérieur du Reich, fut l'un des principaux responsables de la Shoah, qui coûta la vie à six millions de Juifs. Il se suicida par empoisonnement au cyanure en mai 1945, après avoir été capturé par les troupes britanniques, échappant ainsi à tout procès.
Pour Henrik Lenkeit, accepter ce lien génétique est un combat quotidien. "Un monstre, un meurtrier, un démon, tout le mal que vous pouvez imaginer", énumère-t-il lorsqu'on lui demande de décrire Himmler. "Et puis vous devez ajouter 'grand-père' à la fin de cette liste."
"Il était le bras droit d'Hitler - et mon grand-père. Je ne peux rien y faire", a-t-il dit à Sky News. Interrogé sur la peur que ce lien génétique lui inspire, il répond : "La peur est là. Vous vous demandez : 'Quel est mon héritage de tout cela ?'"
Un processus de libération
Depuis cette découverte, certains membres de sa famille maternelle ont coupé les ponts avec lui. "Mon oncle m'a dit de ne plus l'appeler", raconte-t-il. D'autres ont suivi, refusant également de parler à la presse.
Henrik Lenkeit, qui se tourne vers sa foi pour traverser cette épreuve, écrit actuellement un livre sur la honte et la culpabilité. "Le livre traite des fardeaux que nous portons et du processus de libération", explique-t-il. "Ne vous cachez pas de votre passé. De nombreux traumatismes se transmettent d'une génération à l'autre. Mais vous n'avez pas besoin d'être le petit-fils d'un meurtrier de masse pour traverser ce processus."
Bien qu'il ne puisse changer son héritage génétique, Lenkeit souhaite demander pardon aux victimes d'Himmler et se dissocier définitivement du passé sombre de son grand-père. "Si c'était possible, j'attraperais mon grand-père et je lui donnerais une bonne correction."
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