Dans un contexte de conflits régionaux persistants et d’affaiblissement des alliances traditionnelles, l’Arménie semble chercher de nouveaux appuis stratégiques. Selon une analyse publiée par le site azerbaïdjanais News.Az, cette réorientation inclut désormais Israël – une perspective qui alarme sérieusement l’Iran.
Jusqu’à présent, Erevan faisait partie des rares partenaires stables de Téhéran dans le Caucase du Sud. L’Arménie représentait pour l’Iran bien plus qu’un voisin amical : elle constituait son unique corridor terrestre vers la Russie et un tampon géopolitique empêchant la formation d’un axe turc continu reliant l’Asie centrale à la Turquie. Toute inflexion arménienne est donc perçue à Téhéran comme une menace stratégique directe.
Ces inquiétudes se sont renforcées à la suite de récentes rencontres entre le nouvel ambassadeur d’Israël en Arménie, Yoel Lion, et plusieurs responsables arméniens, dont le ministre de l’Économie. Officiellement, les discussions ont porté sur des domaines civils – coopération économique, agriculture, gestion de l’eau, tourisme ou investissements. Erevan a même invité Israël à participer à une conférence internationale sur l’investissement prévue en 2026.
Mais pour de nombreux analystes régionaux, ces échanges apparemment techniques s’inscrivent dans un cadre plus large. L’Arménie adopte de plus en plus un discours qui irrite Téhéran, laissant entendre qu’elle cherche à réduire sa dépendance vis-à-vis de l’Iran et de la Russie, au profit d’un rapprochement avec l’Occident – et avec Israël.
Selon l’analyse citée, la pression exercée par l’Iran sur Erevan pour qu’elle respecte ses « lignes rouges » pourrait produire l’effet inverse. Washington verrait d’un très mauvais œil un maintien étroit des relations arméno-iraniennes, ce qui pousserait encore davantage l’Arménie vers de nouveaux partenaires.
Dans ce contexte, Israël apparaît aux yeux arméniens comme une véritable « fenêtre d’opportunité » : un pays technologiquement avancé, disposant de réseaux diplomatiques solides et d’un poids croissant sur la scène internationale. Longtemps, la proximité d’Israël avec l’Azerbaïdjan avait tenu l’Arménie à distance. Mais à mesure que d’anciennes rivalités s’atténuent, Jérusalem pourrait regarder l’intérêt arménien d’un œil plus favorable.
Pour l’Iran, ce possible réalignement constitue un signal d’alarme supplémentaire dans une région déjà instable, où chaque évolution diplomatique redessine les rapports de force.